société – Tenzo Le Gastrocéphale http://tenzo.fr Sciences de l'alimentation mar, 30 Mai 2017 11:07:34 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.7 La salle à manger : miroir de la société http://tenzo.fr/articles/la-salle-a-manger-miroir-de-la-societe/ Sun, 07 Feb 2016 09:00:04 +0000 http://tenzo.fr/?p=1613
Lorsqu'un espace d'intérieur traduit une évolution historique et sociale de la société française.
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La salle à manger : miroir de la société

07 FÉVRIER 2016 | PAR SOPHIE RAOBEHARILALA

 

Le XXe siècle est une période charnière dans lʼévolution de l’espace de la salle à manger, plus particulièrement du début du siècle jusquʼà la Seconde Guerre mondiale. Influencés par lʼimportance des convenances, associée à une volonté dʼexprimer une liberté et une légèreté au sortir de la Première Guerre mondiale, les arts de la table et les créations en matière de décoration dʼintérieur prirent un tournant créatif avec lʼessor des innovations techniques et industrielles, formant ainsi le style Art déco aux allures rectilignes et aériennes, style dépouillé de toutes fioritures.

 

Émancipation de la femme: innovations dans la salle à manger

Le XIXe siècle conserva l’importance de la salle à manger, conjuguant confort et cérémonial.
L’impact de la Première Guerre mondiale fut tel que celle-ci se confondit dans d’autres pièces au fil du XXe siècle. Les années 1920 marquent le déclin de la domesticité dans les foyers; la maîtresse de maison se voit accorder davantage de tâches, étant à la réception et au service. Ces phénomènes s’expliquent par la réduction de l’espace habitable dans les constructions nouvelles due à un climat économique difficile d’une part, mais également par le bouleversement social observé durant la Belle Époque chez les femmes, leur statut ayant temporairement évolué après la courte reconnaissance de leur rôle durant la guerre.

Les années 30 modifient à nouveau la conception de l’espace. Les femmes étant de retour dans leurs intérieurs et les États-Unis étant devenus une référence en matière de style de vie, le mot d’ordre des architectes et créateurs de mobilier est “ gain de place et de temps ”. Cette conception de l’espace intérieur sera développée jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

 

1919 – 1925: un mélange entre tradition et modernité

A la fin de la Première Guerre mondiale, DSC09511les Français traversent une période de constat, faisant face aux pertes humaines et matérielles engendrées par les combats. Avec 1 350 000 soldats morts au combat et 2 800 000 blessés dont 600 000 invalides, la population avait significativement diminuée malgré le gain de l’Alsace-Lorraine et une génération se retrouvait brisée par le conflit. Le traumatisme de la guerre se dissimulait derrière la joie de la victoire de manière temporaire. En plus de ces pertes, les Français découvraient également la note élevée de la guerre. Face à cette situation, ils ont donc besoin de changer leur état d’esprit et de retrouver une joie de vivre.

Le visage de la France unie durant la guerre se divise en deux: d’un côté des épargnants se retrouvent ruinés par la révolution russe1 alors que de nouvelles fortunes bâties durant la guerre émergent de l’autre. Ces mêmes fortunes sont les personnages clés de la période dite “Années Folles”, creusant ainsi davantage la division de la société française tout en choquant l’opinion publique.

 

En 1919, le mobilier des Français traduit cette dichotomie sociétale. Quand les classes sociales aisées ont pu conserver, voire enrichir leur patrimoine mobilier, une partie de la France reste avec ses quelques biens sauvés. Les provinces dévastées sont meublées de façon sommaire: on y retrouve les éléments clés tel que la chaise, le banc, la table, le vaisselier, l’armoire, le lit et le poêle. L’espace d’habitation étant restreint, tout ceci se retrouve souvent installé sur deux pièces composant l’habitat: la pièce commune à la fois salle à manger et cuisine , et la chambre.

 

Attrait au style rural

William Morris:

le mobilier d’un ouvrier reste le même, qu’il soit à la campagne ou en ville. Le terme “rustique” qualifie “non seulement les objets dont on se sert à la campagne, mais des objets qu’emploient certaines gens simples de la ville.

Le mobilier rural est souvent composé de meubles datant d’époques différentes et de styles variés, du fait d’acquisitions par héritage. On retrouve en effet des intérieurs dépareillés, meublés avec les meubles dits de famille, comme le montre les peintures de Jean-Baptiste-Siméon Chardin dans ses scènes de genre parisiennes de la petite bourgeoisie du XVIIIe siècle.

 

Les débuts du meuble en série

Respect du goût de l’époque et imitation de style

Théodore Lambert proposa une salle commune de ferme composée de meubles en chêne teinté de brun et très peu décorés au pochoir, conçus en planche d’épaisseur courante avec un assemblage à vis de laiton pour en faciliter le montage: on y distingue une armoire, un vaisselier, un meuble à provision, une table robuste longue et rectangulaire ayant une planche inférieure pour poser les pieds, un banc et des chaises de cuisine à siège en placage perforé mais d’une forme étudiée pour le confort. Les meubles sont donc d’aspect rustique et raffiné, répondant aux besoins et respectant les habitudes traditionnelles des paysans des régions dévastées.

 

Créateurs mêlant design, praticité et coût

DSC09535Tony Selmersheim propose des meubles édités par les Galeries Lafayette, décorés par Le Bourgeois. La caractéristique principale de ses créations est la longévité du meuble, tant par la qualité mais également par son design se voulant simple et intemporel, évitant ainsi aux propriétaires des dépenses répétées afin d’éviter la désuétude du style. Selmersheim conçoit entre autres une salle à manger “bon marché” en chêne composée d’un buffet décoré de sculptures Le bourgeois et de longues cannelures, d’une table classique et de chaises pratiques avec un travail sur l’économie de bois.

 

Les grands magasins et l’État: un travail main dans la main?

Là où les artistes veulent créer la nouveauté et l’originalité à porter de tous, la critique soutient les industriels et les pouvoirs publics à coup d’arguments infondés (le prix d’un meuble de style moderne étant plus bas que celui d’un meuble de style original et même faux). Les grands magasins avaient donc le monopole de la création et de la vente, soutenu par l’État.

 

Maurice Dufrêne

Maurice Dufrêne: directeur des Ateliers de la Maîtrise aux Galeries Lafayette dès 1921. Dufrêne souligne un retour au calme et à l’ordre dans le design mobilier en réponse à la guerre suivie d’une période d’excès. Le peu de succès de la création moderne s’explique selon lui par l’incompréhension du public vis-à-vis de la démarche des quelques créateurs de meubles travaillant sur le mobilier à bas coûts non fabriqués en série.

 

L’alliance entre créateurs et industrie

 

Évolution de styles de produits proposés

Maurice Dufrêne souhaite donc montrer aux artistes et aux grands magasins l’intérêt d’une telle collaboration car si les salons et expositions sont créés pour mettre en avant leur art et savoir-faire, ceux-ci n’existent que ponctuellement tandis que les magasins accueillent environ 50 000 visiteurs par jour et ce durant toute l’année. Avec un tel outil de propagande, le mouvement moderne pourrait enfin exploser. Remon appuie également cette opinion dans le premier numéro du magazine d’Art Vivant2 en écrivant qu’il est

cependant possible de créer des modèles de prix abordables conservant une bonne exécution et une excellence de goût.

 

Nouveauté de l’espace salle à manger et redistribution des pièces dans les logements français

 

Photo0206La distribution des pièces a évolué depuis le XIXe siècle. En comparant les plans d’habitation et illustrations de salle à manger, on observe une nette réduction de l’espace alloué à chaque pièce, mais surtout la diminution du nombre de pièces. Influencés des États-Unis synonyme de modernité, on supprime la fonction unique de la pièce et on fond le salon, la salle à manger et le cabinet en une seule et même pièce appelée le living-room. On propose un espace d’habitation simplifiée puisque la vie domestique évolue également avec la diminution du personnel.

 

Il en va de même pour la salle à manger: sa dimension est réduite mais son mobilier également. On constate que la salle à manger de la période Art nouveau est composé d’un mobilier très travaillé, reprenant des formes organiques et végétales, exploitant le détail, contrairement à la salle à manger aux meubles sobres, ou encore la cuisine et living-room où la table sert aussi bien dans la cuisine que dans le living-room, le transformant en salle à manger.

 

Ces évolutions sont une réponse aux besoins de la société. Le développement d’un espace habitable fonctionnel, logique et pratique. On choisit des formes pures pour les meubles, qui eux suivront la discipline du plan d’habitation afin d’avoir une lecture simple et agréable. Les matériaux et design choisis ont un but esthétique mais pas seulement: ils améliorent le quotidien en simplifiant par exemple la rapidité du ménage, la suppression de détails décoratifs diminuant la quantité de poussière et le temps de ménage.

 

Influences d’Écosse et d’Autriche

 

On observe également une influence étrangère sur l’architecture et le style de vie avec la multiplication des formules studio et living-room, permettant de réunir plusieurs pièces en une seule. Deux solutions à la crise du logement que connaît la France. Les sources d’inspiration ne se limitent pas au passé d’un pays mais explorent les styles et techniques du monde. Les deux villes clés du mouvement sont Glasgow et Vienne, centres créateurs de mobilier et d’intérieur “protomodernes”. Glasgow est le centre d’intérêt des créateurs viennois: l’école de Glasgow entreprend de retravailler un style victorien trop chargé. Cette approche des arts décoratifs se répand jusqu’en Scandinavie où se développe une architecture d’intérieur aérienne et rectiligne.

 

Conclusion

Les priorités de la période de l’Entre-deux-guerres soulignent un retour vers une joie de vivre chez soi, le besoin de renouveau d’une part, de liberté de création après ces temps de guerre; mais elles montrent également que derrière le faste des styles de vie et la fuite vers la recherche de joie et de légèreté se cache un traumatisme profond.

 

La France se retrouve divisée en deux quant à sa reconstruction, l’une s’enfuyant vers un monde de nouveautés, l’autre observatrice, subissant les dégâts de la guerre.

Toutefois, cette période marque également le changement des mentalités: les Français étaient peu ouverts sur le monde alors que l’Art déco s’inspire de ses voisins européens et des États-Unis. Cette ouverture engendra un bouillon artistique ralliant toutes les forces dans les domaines artistiques entre tous les corps de métiers, afin de créer un élan uni qui pourra peut-être relancer le pays économiquement mais surtout moralement.

Bibliographie

 

∴ Bony A., Les années 20, vol.2, Paris, Éditions du regards, 1989

 

∴ Bouvet V., Paris: la Belle époque, les années folles, les années trente, Paris, éditions Place des Victoires, 2012.
 

∴ Loyer M., La chambre à coucher et la salle à manger du XVIe au XIXe siècle, collection de l’art ménager, Paris, 1933.

 

∴ Saëz E., Cafés, restaurants & salons de la Belle Époque à Paris, Éditions Ouest France, 2013.

Notes de bas de page

1. désigne l’ensemble des événements de 1917 en Russie, ayant contribué à un changement au pouvoir du tsarisme à un régime léniniste.

2. Remon, L’habitation d’aujourd’hui: la salle à manger, L’Art Vivant n°1, 15 février 1925, JP73, p13-17.

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Faut-il établir une «exception alimentaire» à la manière de «l’exception culturelle»? http://tenzo.fr/articles/faut-il-etablir-une-exception-alimentaire-a-la-maniere-de-lexception-culturelle/ http://tenzo.fr/articles/faut-il-etablir-une-exception-alimentaire-a-la-maniere-de-lexception-culturelle/#comments Sun, 03 Jan 2016 09:33:17 +0000 http://tenzo.fr/?p=1377
Vous connaissez peut-être déjà le concept de droit international d'exception culturelle. Connaissez-vous celui d'exception alimentaire? Voici un article qui présente cette proposition faite par le Programme Lascaux.
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Faut-il établir une «exception alimentaire» à la manière de
«l’exception culturelle»?

3 JANVIER 2016 | PAR DAVID LAFLAMME

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Le programme Lascaux
Il s’agit d’un programme de recherche juridique sur les causes des crises alimentaires. C’est un projet sélectionné et financé par la Commission Européenne, sous la direction de François Collart Dutilleul. Le programme s’appuie sur un réseau de plus de 200 chercheurs dans le monde et travaille en lien avec la société civile (collectivités publiques, associations, ONG, organisations professionnelles…). Il est basé à l’Université de Nantes.
Lascaux se donne pour objectif de faire progresser le droit alimentaire à la lumière des enjeux de la sécurité alimentaire, du développement durable et du commerce international. Il vise à établir un diagnostic exigeant, précis, concret des causes des problèmes que le monde rencontre pour nourrir la planète, afin d’ouvrir des voies nouvelles de solutions à partir de ce diagnostic.

Pour comprendre ce à quoi pourrait ressembler l’exception alimentaire à la manière de l’exception culturelle,  commençons par un rappel. L’exception culturelle est un concept politique qui fut intégré au General Agreement on Tariffs and Trade (GATT) suite à une initiative française en 1993 (Cycle de l’Uruguay). Elle vise à traiter la culture différemment des autres produits commerciaux. Ainsi, le but de cette politique est de considérer les biens et services culturels comme des exceptions dans les traités et accords internationaux, en particulier par rapport à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC).

Le but de l’exception culturelle est de souligner la souveraineté des États dans l’encadrement du libre échange culturel dans un objectif de protection et de promotion de leurs artistes ou d’autres éléments de leurs cultures. Dans les faits, l’exception culturelle légitime des mesures protectionnistes des États limitant la diffusion des produits et services culturels étrangers. Ces mesures prennent la forme de quotas à l’importation ou de subventions aux industries culturelles nationales.

La proposition française vient renforcer un système qui existait déjà depuis la mise en place du GATT en 1947.  En effet, celui-ci admettait un régime juridique d’exception pour certains produits culturels (films de cinéma et trésors nationaux). François Collart Dutilleul, directeur du programme Lascaux, explique que « Le GATT n’était en réalité qu’une partie d’un traité international plus complet qui prévoyait également un régime dérogatoire pour les « produits de base » : produits de l’agriculture, de la forêt, de la pêche et du sous-sol. Il s’agissait de la Charte de La Havane, signée par 53 pays en mars 1948. Pour des raisons factuelles secondaires, cette Charte n’a jamais été ratifiée ni mise en oeuvre, tandis que le GATT l’a été ».[1] Ainsi, l’exception culturelle fut-elle reconnue, mais pas l’exception alimentaire.

Le 20 octobre 2005 est adoptée à l’UNESCO, la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Cette convention complète le GATT en s’intéressant à TOUS les produits culturels ainsi qu’aux problèmes liés à la préservation des richesses culturelles mondiales. C’est en s’inspirant de cette convention que l’équipe du Programme Lascaux a élaboré une proposition de Convention sur la réalisation de la sécurité alimentaire et la préservation de la biodiversité agricole qui serait négociée au sein de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’aviculture (FAO). [2]

Pourquoi établir une exception alimentaire?

L’exception alimentaire si elle devait être formalisée comme l’a été l’exception culturelle aurait avant tout le rôle de référentiel pour orienter les évolutions du droit international. Elle impliquerait une considération plus systématique des enjeux liés à la sécurité alimentaire lors de la formation de nouveaux accords internationaux et serait un outil pour la renégociation d’accords antérieurs.

En revanche, dans le système actuel, les règles prévalentes au sein de l’OMC ne laissent qu’une marge de manoeuvre étroite aux États qui voudraient intervenir dans la circulation et la distribution des ressources naturelles. Ainsi, les ressources naturelles ne sont comprises qu’au regard de leur valeur marchande et les institutions publiques n’ont qu’à de rares exceptions, le droit de réguler les prix, d’établir des quotas ou de subventionner les marchandises issues de ces ressources naturelles. « Or lorsque ces richesses produites sont précisément celles dont dépend la sécurité alimentaire d’un pays, celui-ci est privé d’un moyen déterminant si une crise survient». [3]

Une note d’orientation de la FAO parue en 2006 explique que la sécurité alimentaire est un concept découlant directement de la Déclaration universelle des droits de l’Homme des Nations Unies de 1948.[4]

Atricle 25.1 : Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité en cas de chômage, de maladie, d’invalidité, de veuvage, de vieillesse ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa volonté.

Le sommet mondial de l’alimentation de 1996 marque une étape importante en adoptant officiellement le droit à une nourriture adéquate. Cet événement ouvrait la voie à une approche fondée sur les droits de la sécurité alimentaire.

« La sécurité alimentaire est assurée quand toutes les personnes, en tout temps, ont économiquement, socialement et physiquement accès à une alimentation suffisante, sûre et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour leur permettre de mener une vie active et saine ». [5]

Un nombre d’obstacles importants empêche toujours la prise en compte effective du droit à la sécurité alimentaire. Selon François Collart Dutilleul, ces obstacles ont quatre sources principales.

La première est celle du droit foncier (incluant celui de l’eau) et le droit des investissements internationaux dans la terre. En Afrique cela se manifeste essentiellement dans l’opposition entre le droit  coutumier qui privilégie les communautés occupantes et le droit moderne qui privilégie ceux qui ont réussi à acquérir des titres de propriété. En Europe, c’est l’artificialisation des sols liée à l’urbanisation et à la spéculation sur les terres constructibles qui pose souvent problème.  « Ces problèmes sont généralement aggravés lorsque des investisseurs prennent le contrôle de quantités massives de terres pour leur propre compte (phénomène de l’accaparement des terres) ou pour des opérations très profitables de promotion immobilière urbaine ».[6]

La deuxième source des problèmes est celle du droit de la propriété intellectuelle. C’est-à-dire que les inventions, même lorsqu’elles concernent un besoin fondamental comme l’est l’alimentation n’est pas traitée différemment par ce droit.

La troisième est celle du droit du commerce international des produits agricoles. De par sa nature le commerce international fournit des aliments, avant tout, à ceux qui peuvent les payer.

La quatrième est caractérisée par l’ineffectivité des droits de l’homme (droit à l’alimentation). Il existe également une «[…] forte tension au sein du droit de l’alimentation, entre la protection de la santé des consommateurs ou la préservation des espèces et de l’environnement, d’une part, et la libre circulation des marchandises et le principe de libre-échange qui gouverne le marché unique d’autre part ».[7]

Pour Collart Dutilleul, si l’on veut dépasser ces tensions et doter le droit international des outils légaux qui permettent de mieux assurer la sécurité alimentaire des Hommes  «[…] il n’est sans doute pas évitable d’avoir à construire un régime juridique pour une exception alimentaire conçue sur le modèle de l’exception culturelle ».[8]

« La construction d’une exception alimentaire permettrait de déroger aux règles générales ou de spécialiser davantage certaines règles internationales afin de tenir compte de la prééminence de l’objectif de sécurité alimentaire dans les différents aspects quantitatifs (approvisionnement, accès à l’alimentation…) et qualitatifs (alimentation saine, équilibrée, choisie…) ».[9]

Finalement, l‘exception alimentaire est aussi un moyen d’affirmer davantage une forme de démocratie alimentaire  « La démocratie étant définie comme un régime politique dans lequel le pouvoir suprême est attribué au peuple qu’il exerce pour lui-même ou par l’intermédiaire des représentants qu’il élit ».

En se basant sur cette définition, la démocratie alimentaire suppose que le peuple ou ses représentants choisissent l’alimentation qu’ils souhaitent consommer. Pour Mai-Ahn Ngo,  cette idée rejoint celle d’un droit plus affirmé, ces dernières années : le droit à l’alimentation adéquate.

Celui-ci est défini comme « le droit à un accès régulier, permanent et non restrictif, soit directement soit en l’achetant, à une quantité de nourriture suffisante et d’une qualité adéquate, correspondant aux traditions culturelles du peuple auquel le consommateur appartient, qui lui permet de profiter sans crainte d’une vie physique et mentale, individuelle et collective, épanouissante et digne ».[10]

Conclusion

World-Population-1800-2100En 2050,  la terre devra nourrir plus de 9 milliards d’êtres humains. Il parait probable que la pression croissante sur les ressources naturelles fasse du commerce des denrées alimentaires, un secteur où les opérations boursières spéculatives deviennent de plus en plus profitables. Il est crucial de doter les États d’outils juridiques qui permettent de soustraire les aliments des règles du commerce international des denrées lorsque la sécurité alimentaire d’un État est en jeu. En dotant les marchandises alimentaires d’un statut juridique spécial, l’on fait un grand pas en avant pour mieux assurer la sécurité alimentaire mondiale. Le projet de Convention sur la réalisation de la sécurité alimentaire et la préservation de la biodiversité agricole présentée par le Programme Lascaux reprend l’esprit de la Charte de la Havane de 1948. Ce projet est un bon exemple du type de réformes que certains aimeraient voir se mettre en place dans les prochaines années.

Alain Bernard et Fabrice Riem rappellent cependant que les relations internationales obéissent à la loi du plus fort et non au principe de la coopération. Ainsi, le projet de convention présentée par le Programme Lascaux risque fort de se heurter à un veto. « Elle supposerait de passer de la logique de la puissance à celle de la coopération ».[11]

Notes

[1] Propositions du programme Lascaux

[2] Ibidem.

[3] COLLART DUTILLEUL F. Un nouvel horizon de recherche : les moyens juridiques d’un ajustement des ressources et des besoins alimentaires, IN: BRÉGER T. Ed. Penser une démocratie alimentaire Volume II, 2014, p.5.

[4] FAO, Notes d’orientation Sécurité alimentaire, N.2, Juin 2006.

[5] Ibidem.

[6] COLLART DUTILLEUL F. L’approche juridique de la sécurité alimentaire mondiale dans le programme Lascaux, IN: Le juriste international 2015-1, p.43.

[7] Ibidem.

[8] Ibidem.

[9] Ibidem.

[10] NGO M. Les OGM, illustration des obstacles et des potentialités offertes par le droit pour une meilleure d´emocratie alimentaire, IN: BRÉGER T. Ed. Penser une démocratie alimentaire Volume II, 2014, p.243.

[11] BERNARD A. & RIEM F., Amender le libre-échange en matière alimentaire ?, IN: BRÉGER T. Ed. Penser une démocratie alimentaire Volume II, 2014, p.327.

Aller plus loin:
Pour comprendre comment les crises alimentaires sont des vecteurs de modification du droit international:
Vers une exception alimentaire ? La sécurité des aliments entre globalisation et crises politiques de Christophe Clergeau
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http://tenzo.fr/articles/faut-il-etablir-une-exception-alimentaire-a-la-maniere-de-lexception-culturelle/feed/ 1
La glanure de l’ordure – Fanny Pacreau – Auteure invitée http://tenzo.fr/articles/auteure-invitee-fanny-pacreau-la-glanure-de-lordure/ Fri, 13 Nov 2015 12:04:52 +0000 http://tenzo.fr/?p=997

Etre récupérateur dans l’âme, c’est une façon de se définir, de se penser en dehors ou en l’absence de tout cadre existant. C’est aussi un peu de ce qui résiste aux tentatives d’éradication et de stigmatisation des pratiques de récupération. Faute d’avoir été prise en compte, ou exclusivement inscrite dans des projets associatifs, cette récupération informelle se marginalise et s’inscrit chaque jour davantage dans la prohibition car parasite, concurrence et entrave le système institué.

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La glanure de l’ordure

22 NOVEMBRE 2015 | PAR FANNY PACREAU

Fanny Pacreau est anthropologue. Elle s’est spécialisée dans le rapport de l’Homme à la nature et aux déchets, contribuant sur ces thèmes à différents ouvrages destinés au grand public. Elle a notamment fondé en 2013 Enquête d’ordinaire, un bureau d’études spécialisé en ethnographie et en anthropologie et apporte aux élus des collectivités locales, l’éclairage nécessaire pour la conduite de certaines de leurs politiques. Elle est par ailleurs chercheur associé au Centre nantais de sociologie (FRE 3706).
Les récupérations de Valérie Barbereau s’inscrivent dans un mode de vie végan. Au-delà d’un régime alimentaire végétalien, le véganisme est une conception morale et philosophique des relations entre espèces animales : l’antispécisme que Valérie inscrit dans le cadre d’une action militante pour le droit des animaux (2).

Les récupérations de Valérie Barbereau s’inscrivent dans un mode de vie végan. Au-delà d’un régime alimentaire végétalien, le véganisme est une conception morale et philosophique des relations entre espèces animales : l’antispécisme que Valérie inscrit dans le cadre d’une action militante pour le droit des animaux [2].

Des patates bien sûr, mais aussi, selon la saison, des citrouilles, des tomates ou des coings, des fruits et légumes complètement récupérables [1] participent au conglomérat des déchets verts. Un peu plus loin, dans le tout-venant, ayant échappé aux planifications et modes de contrôles (Harpet, 1998) se trouve un paquet de gâteaux secs périmés. Voilà sur quels « heureux » hasards compte celui ou celle qui, ici, cherche à manger.

Toutefois, la déchetterie reste un lieu de seconde zone pour se nourrir gratuitement. Les poubelles des supermarchés ou les fins de marchés lui sont souvent préférées. Selon les désaffections du jour, l’improbable garde-manger peut tout à fait se doubler d’une garde-robe vintage : vieilles paires de chaussures, vêtements, linge de maison ou encore sacs à main. L’espace bois fournit quant à lui mobilier ou combustible composite d’essences brutes, agglomérées, traitées, vernies, peintes, teintes et même mélaminées ou stratifiées. La déchetterie pourvoit ainsi à des besoins dits de première nécessité tels que manger, s’habiller ou encore se chauffer.

La conjonction des abandons et de ces besoins s’apparente à une véritable loterie. Cet aléatoire, cet état de non-savoir, c’est cela aussi être démuni. Mais, l’incertitude a tôt fait de se gonfler d’espérances. Ainsi, la perspective de découvertes vient adoucir la réalité de conditions matérielles précaires.

Anastasia. – Chacun a sa façon de voir la déchetterie, c’est ça qui est bizarre, tu vois. Nos enfants, ils vont cibler les jeux, des choses colorées. On le voit bien, c’est les choses qu’ils cherchent dans le tas. Jimmy cherche s’il reste des vis, des morceaux d’anciens meubles, les charnières, les trucs comme ça. Après, du coup, ça peut toujours resservir. Moi je suis plus à me dire : est-ce qu’il y a de la déco ?

Récupérer implique de se pencher pour ramasser des restes. Dans ce mouvement et cette finalité, Agnès Varda (2000) voit le prolongement du glanage d’autrefois. Les moissons de notre temps revêtent simplement des formes disparates. Loin de se restreindre aux céréales, l’éventail des restes s’est considérablement élargi, suivant la courbe exponentielle de production des biens matériels. La masse des récupérations, l’hétéroclisme des trouvailles découragent toute velléité de classification et en contredisent en permanence la pertinence. Ce chaos flamboyant se transporte bien souvent dans les intérieurs des récupérateurs : formes transposées de la caverne d’Ali Baba. L’hétéroclisme du butin suscite le sentiment rassurant que tout désir, quel qu’il soit, peut trouver à s’y réaliser.

Valerie Barbereau : je fais de la récup’ et du glanage depuis que je suis toute petite. Les poubelles des magasins, les fins de marchés, les déchèteries regorgent de produits divers et variés qui sont encore réutilisables. Aujourd’hui, on jette pour mieux consommer alors qu’on manque d’argent. On s’inquiète des dates alors qu’en fait les produits sont encore consommables. On peut aussi glaner dans les champs, cueillir les fruits et plantes sauvages. Il est possible de vivre avec la récup’. On peut aussi se chauffer gratuitement en récupérant des palettes et du bois tombé au sol. Mes enfants ont appris à glaner eux aussi et maintenant à l’âge adulte ils savent vivre avec peu. J’aime la récup’, c’est une manière de vivre qui me convient et que je ne suis pas prête d’arrêter.

Valerie Barbereau : je fais de la récup’ et du glanage depuis que je suis toute petite. Les poubelles des magasins, les fins de marchés, les déchèteries regorgent de produits divers et variés qui sont encore réutilisables. Aujourd’hui, on jette pour mieux consommer alors qu’on manque d’argent. On s’inquiète des dates alors qu’en fait les produits sont encore consommables. On peut aussi glaner dans les champs, cueillir les fruits et plantes sauvages. Il est possible de vivre avec la récup’. On peut aussi se chauffer gratuitement en récupérant des palettes et du bois tombé au sol. Mes enfants ont appris à glaner eux aussi et maintenant à l’âge adulte ils savent vivre avec peu. J’aime la récup’, c’est une manière de vivre qui me convient et que je ne suis pas prête d’arrêter.

Ainsi, sur ce qui pourrait être défini à priori par le terme de bric-à-brac, Pascal projette avec enthousiasme la magnificence du trésor de la caverne, comme en témoigne ce rapide inventaire : Boîte aux lettres pour un copain, parasol, tapis de gym, raquettes : vachement, stock d’assiettes en porcelaine, livres environ 1 800, trottinettes car avec deux j’en fais une, cuissardes, chaise à restaurer mais je crois que je vais la remettre à la déchetterie. Y’a des fois je récupère au cas où et puis finalement non ! Perceuses, toutes viennent de la déchetterie, tuiles qui me servent pour faire mes bordures dans le jardin, livres que je donne, que je lis. Au premier étage, dans sa chambre. Je n’achète plus de vêtements, en gros depuis 10 ans. Il revêt un blouson de cuir élimé : ça vaut très cher. Il est si fier. Pour moi, c’est à prendre en compte, je rectifie : blouson de cuir patiné. Poursuivons, clic-clac, chaises encore, matériel informatique : deux scanners, six imprimantes à partir desquels je re-fabrique. Il compte dix ordinateurs dans la pièce, et disséminés un peu partout, des accessoires informatiques [qu’il a] désossés. Mais maintenant, on ne peut plus accéder à ces déchets. Bibelots, bouquins d’histoire-géographie qui ont 3 ans, 4 ans.C’est fou et je m’instruis beaucoup de cette manière-là. Du fil électrique, des câbles, une rallonge électrique parce que je refais mon électricité. Des rideaux, toute une encyclopédie. Des palettes récupérées à la déchetterie servent de sommier pour son lit. Retour au rez-de-chaussée, dans la cuisine, tabouret, bibelots encore, yaourtière, balance Terraillon, faitout, mixeur, planche à découper, dessous de plat… Tu vois, je suis vraiment récupérateur dans l’âme.

Etre récupérateur dans l’âme, c’est une façon de se définir, de se penser en dehors ou en l’absence de tout cadre existant. C’est aussi un peu de ce qui résiste aux tentatives d’éradication et de stigmatisation des pratiques de récupération. Décrié par les hygiénistes au XXe siècle pour son insalubrité (Barles, 2005), le métier de chiffonnier disparaît dans les années 1960 et avec lui un cadre formel d’exercice de la récupération et sa reconnaissance sociale. Bien que la mécanique industrielle du traitement des déchets en soit oublieuse, cette réalité sociale se fait persistante et parfois militante. Ainsi en va-t-il également du freeganisme. Faute d’avoir été prise en compte, ou exclusivement inscrite dans des projets associatifs, cette récupération informelle se marginalise et s’inscrit chaque jour davantage dans la prohibition car parasite, concurrence et entrave le système institué.

Notes de bas de page

[1] Témoignage de Daniel Simon, récupérateur cité également dans le carnet n°2.

[2] Voir l’Arche de Valudo ou sur leur page facebook.

Pour aller plus loin:
∴ Harpet, Cyrille, Du déchet : Philosophie des immondices. Corps, ville, industrie, Paris, L’Harmattan, 1998.
∴ Varda, Agnès, Les glaneurs et la Glaneuse, Ciné Tamaris, 2000.
∴ Varda, Agnès, Deux ans après, Ciné Tamaris, 2002.
∴ Barles, Sabine, L’invention des déchets urbains. France : 1790-1970, Seyssel, éditions Champ Vallon, 2005.

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Le pesco-végétarisme, le compromis français pour sauver la commensalité http://tenzo.fr/articles/article-le-pesco-vegetarisme-le-compromis-francais-pour-sauver-la-commensalite/ Sun, 01 Nov 2015 11:21:51 +0000 http://tenzo.fr/?p=885

Le menu des cantines scolaires, immanquablement, s'immisce de manière chronique dans l'actualité nationale à la faveur d'une déclaration ou d'une prise de position controversée d'une personnalité publique ou politique. Or, la visibilité médiatique de ces événements est directement liée à leur caractère exceptionnel. En effet, une simple analyse des menus des cantines scolaires des écoles primaires des dix communes les plus peuplées de France révèle que les compromis visant à la bonne cohabitation et le respect de pratiques alimentaires des familles des élèves sont la règle en France.

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Le pesco-végétarisme, le compromis français pour sauver la commensalité.

1er NOVEMBRE 2015 | PAR DAVID LAFLAMME

Le menu des cantines scolaires, immanquablement, s’immisce de manière chronique dans l’actualité nationale à la faveur d’une déclaration ou d’une prise de position controversée d’une personnalité publique ou politique.  Or, la visibilité médiatique de ces événements est directement liée à leur caractère exceptionnel. En effet, une simple analyse des menus des cantines scolaires des écoles primaires des dix communes les plus peuplées de France révèle que les compromis visant à la bonne cohabitation et le respect de pratiques alimentaires des familles des élèves sont la règle en France.

Le CRÉDOC, à de nombreuses reprises, a démontré l’importance de la commensalité dans le modèle alimentaire français.

En France, ce sont d’abord les savoir-faire culinaires et les manières de table qui sont mis en avant. Plus que la nourriture elle-même, ce sont donc les manières de préparer, de présenter et de consommer (les occasions, la durée, les horaires) la nourriture qui déterminent de façon décisive le modèle français. L’observation des règles de convivialité constitue un impératif de ce modèle, centré sur la commensalité, c’est-à-dire le fait de manger ensemble autour d’une table (du latin « cum », avec, ensemble, et « mensa », table). La ritualisation intervient pour valoriser l’acte alimentaire, les règles et les conventions favorisant l’échange entre les convives. Il y a partage de nourritures en même temps qu’échange de paroles.[1]

Un survol des types de menus servis dans les écoles primaires des dix communes les plus peuplées de France permet de constater que systématiquement, un aménagement alimentaire est fait pour favoriser la commensalité entre des élèves n’ayant pas tous les mêmes pratiques alimentaires.

Nombre de communes par type de menu

  Commune Population (2012) Type de menu
1 Paris 2 240 621 Option sans porc
2 Marseille 852 516 Pesco-végétarien
3 Lyon 496 343 Pesco-végétarien
4 Toulouse 453 317 Pesco-végétarien
5 Nice 343 629 Pesco-végétarien
6 Nantes 291 604 Pesco-végétarien
7 Strasbourg 274 394 Végétarien, halal et sans porc
8 Montpellier 268 456 Pesco-végétarien
9 Bordeaux 241 287 Option sans porc
10 Lille 228 652 Option sans porc

Choix du type de menu : Autonomie des communes et recommandations officielles.

Le choix de s’intéresser aux menus des cantines scolaires des écoles primaires n’est pas anodin. Les lois des 30 octobre 1886 et 7 janvier et 22 juillet 1983 confient aux communes et aux établissements publics de coopération intercommunale l’organisation et la gestion des cantines scolaires des écoles primaires. En revanche, la restauration scolaire des collèges et lycées est sous la responsabilité des départements, régions et métropoles. Ainsi existe-t-il une plus grande variété de modèles pour les cantines primaires qui jouissent d’une grande autonomie. Il faut finalement savoir que les cantines scolaires au sein des écoles primaires constituent un service public facultatif, le temps de repas des enfants n’étant pas considéré comme du temps scolaire. Ce service étant facultatif, les parents des enfants décidant de ne pas y avoir recours peuvent, en toute légalité, refuser d’y souscrire. [2]

Stéphane Papi
Docteur en droit habilité à diriger des recherches, chercheur associé CNRS (IREMAM, Aix-en-Provence / Centre Jacques Berque, Rabat) et membre de l’équipe droit et religions du LID2MS –Université Aix-Marseille.

Stéphane Papi résume ainsi l’état du droit concernant les cantines scolaires primaires ainsi:

La réglementation relative au respect des prescriptions alimentaires d’origine religieuse dans les cantines scolaires est le fait d’un “droit mou” issu, non pas de dispositions législatives, mais de circulaires. Un grand pouvoir d’interprétation est donc laissé aux élus locaux, ce qui, d’une part, engendre une disparité de traitement des usagers basée sur les différentes conceptions de la laïcité en cours selon leur lieu de résidence et, d’autre part, soumet les décisions prises à une forme d’incertitude juridique.

Liste de quelques recommandations officielles :

  • Note de service de l’éducation nationale ° 82-598 du 21 décembre 1982 B.O. Educ. Nat.,  janvier 1983, recommande la prise en compte des “habitudes et coutumes alimentaires familiales, notamment pour les enfants d’origine étrangère”.
  • Réponse à une question posée par le sénateur Jean-Louis Masson au ministre de l’Éducation nationale, François Fillion en 2005, tout en rappelant l’absence d’obligation, a encouragé les prestataires à prévoir, dans la mesure du possible des menus diversifiés.  (JORF le 17/03/2005)
  • Circulaire du Ministère de l’Intérieur du 16 août 2011 (Claude Guéant) précise que les cantines scolaires n’ont pas à servir de repas halal ou casher puisque les repas sans porc ainsi que ceux préparés à base de poisson le vendredi permettent  “le respect des prescriptions ou recommandations des trois principaux cultes présents en France”.

Le Rapport du défenseur des droits du 28 mars 2013 réaffirme le statuquo en rappelant que « …la plupart des cantines scolaires proposent, de longue date, des plats de substitution à la viande de porc, tout en servant du poisson le vendredi, pratique qui n’a pas été remise en cause par le juge. Le juge des référés du Conseil d’État a quant à lui estimé que l’absence de repas de substitution ne méconnaissait pas la liberté religieuse ».

Ainsi, la plupart des collectivités territoriales servent des menus qui reprennent l’esprit des recommandations gouvernementales et privilégient la commensalité en prévoyant des menus de substitution au porc. Mais est-ce qu’un menu sans porc est halal? Est-ce qu’un menu pesco-végétarien est casher ou même  végétarien?  En d’autres mots, où commence et s’arrête la commensalité à la table des cantines des écoles primaires françaises.

Quels aménagements pour qui?

Lilles, Bordeaux et Paris ont fait le choix de servir des menus de substitution sans porc. C’est-à-dire que les élèves, s’ils souhaitent manger à la cantine, sont contraints de manger des viandes abattues de manière non conforme au rite d’abatage halal ou casher. Or, en 2010 87% des musulmans disaient consommer de la viande halal et 59% consommer exclusivement de la viande halal. Ainsi, ces menus sans porc pourraient ne pas convenir à près de six enfants musulmans sur dix en plus de ne pas convenir aux juifs et aux végétariens. [3]

Six des dix plus grandes communes de France ont fait le choix des repas pesco-végétariens.  Le pesco-végétarisme est essentiellement un compromis entre les styles alimentaires des catholiques (56%), protestants (2%) , sans religion (32%) et des musulmans (6%) soit 96% de la population française. [4] [5] Sont exclus les juifs qui respectent des interdits alimentaires quant aux poissons de fond et fruits de mer (1%) et les végétariens ne mangeant pas de poisson (2%).* [6]

Reste finalement le modèle mis en place à Strasbourg qui permet d’assoir presque tous les enfants aux tables de leurs cantines à l’exception des enfants pratiquant un régime végétalien (environ 8% des végétariens)[7].

*Ces proportions sont basées sur un sondage du CSA fait auprès d’adultes. Le recensement des croyances religieuses par l’État étant interdit en France.

Laïcité et menu : le végétarisme est-il la solution?

Le Défenseur des droits a publié un rapport en 2013 intitulé L’égal accès des enfants à la cantine de l’école primaire. Il y est écrit:

La cantine est un service public facultatif soumis au principe de laïcité, mais qui fait régulièrement face à des revendications religieuses, et plus récemment à des revendications philosophiques de familles végétariennes. Cette question n’est pas apparue comme une question prioritaire à travers les témoignages reçus par le Défenseur des droits. La plupart de ces témoignages exprimaient un simple souhait de repas sans viande et, dans de rares cas, la mise en place de menus hallal. Certains revendiquaient par exemple un plat de substitution à la viande, ou, plus simplement, la possibilité d’avoir connaissance du menu à l’avance afin de prévoir les jours de présence de l’enfant. [8]

Le rapport n’exprime pas les liens qu’entretiennent le principe de laïcité et les repas servis au sein des cantines scolaires dans le contexte de ces revendications religieuses et philosophiques. Est-ce que le service de viande halal ou d’un menu végétarien entre en opposition avec la laïcité du repas?

L’étude IFOP réalisée pour Sud Ouest Dimanche intitulée Les Français et la laïcité révèle qu’entre 2008 et 2015, la laïcité (de 30 à 46%) a dépassé le suffrage universel (de 41 à 36%) pour devenir le grand principe républicain le plus important selon les Français. Cette progression n’est sans doute pas étrangère au fait que le Front National ait fait de laïcité, une valeur traditionnellement de gauche, l’un de ses chevaux de bataille depuis 2010.[9] Mais qu’est-ce que la laïcité?

Jean Beaubérot
Docteur en histoire et docteur ès-lettres et sciences humaines de l’Université Paris IV-Sorbonne, docteur honoris causa de l’Université de Bruxelles, Jean Baubérot est Président d’honneur de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes où il a été titulaire des chaires « Histoire et sociologie du protestantisme » et « Histoire et sociologie de la laïcité ».

Jean Beaubérot explique qu’il n’existe pas un modèle français de la laïcité, mais différentes représentations selon les acteurs sociaux.

Leur contenu se modifie dans une certaine continuité. Le rapport de force entre leurs partisans change. Il produit la définition socialement légitime de « la » laïcité à un moment donné, celle à laquelle chaque acteur doit se référer, même quand il la critique. Cette définition sociale implicite constitue un enjeu politique et médiatique fort, et aboutit à un discours qui prend valeur de certitude.

Beaubérot ajoute. « Tant que la laïcité française sera essentialisée en un modèle unique, le malaise s’accentuera ». [10]

L’étude IFOP citée précédemment permet de retracer les différentes définitions de la laïcité chez les Français ainsi que leur fréquence.

Rappel Nov. 2005 (%)
Rappel Janv. 2008(%)
Rappel Sept. 2008(%)
Février 2015 (%)
Evolutions
La possibilité laissée à chaque citoyen de pratiquer sa religion
51% 54% 56% 51% -5%
L’interdiction de manifester son appartenance religieuse dans les services publics
30% 22% 24% 25% +1%
Le refus de toute forme de communautarisme
11% 12% 8% 14% +6%
L’absence de participation de l’Etat dans l’édification des lieux de culte.
8% 12% 12% 10% -2%

La possibilité à chaque citoyen de pratiquer sa religion demeure, malgré un léger recul, la manière la plus commune de définir la laïcité en France. Il est légitime de se demander si de ne pas donner accès à un repas respectant les convictions religieuses ou philosophiques d’un enfant dans le cadre de la restauration scolaire est la meilleure manière de s’assurer que chaque citoyen puisse pratiquer sa religion?

En plus des possibles complications politiques, la préparation des repas carnés respectant les diverses croyances religieuses représente des efforts et des coûts significatifs pour éviter les contaminations symboliques entre les aliments. En revanche, les préparations de repas végétariens ou pesco-végétariens ont déjà fait leurs preuves.

Conclusion

L’alternative pesco-végétarienne est déjà très répandue en France et permet la commensalité d’enfants assis à des milliers de tables laïques d’écoles primaires. Le modèle alimentaire est inscrit au coeur de la société française et la commensalité en est sans doute l’un des éléments les plus importants et distinctifs. Or, pour qu’il y ait commensalité, il doit y avoir à manger pour tous les commensaux. C’est ce qu’un grand nombre de communes françaises s’efforce déjà d’encourager.

Le décret et l’arrêté du 30 septembre 2011 relatifs à la qualité nutritionnelle des repas servis dans le cadre de la restauration scolaire sont des obstacles à cette commensalité. En imposant le recours exclusif aux protéines animales dans le plat principal de chaque menu, ces textes sont venus fragiliser le recours aux repas de substitution sans viande. Les repas végétariens et végétaliens sont pourtant largement reconnus comme étant entièrement adaptés aux besoins nutritionnels des enfants.[11] Cette prééminence donnée aux protéines animales, combinée à la grande complexité de fournir des repas halal ou casher dans les cantines scolaires enlève à beaucoup d’élèves français la possibilité de manger à la même table que leurs concitoyens.

Il est probable que la rentrée scolaire 2018 soit marquée par l’affirmation de la volonté de commensalité française via l’obligation de menus alternatifs végétariens dans toutes les cantines scolaires servant plus de 80 repas. En effet, le 14 octobre dernier, la Propostion de loi relative à la mise en place d’une alternative végétarienne dans les cantines scolaires a été enregistrée à l’Assemblée nationale. [12] C’est Yves Jégo qui est à l’initiative de cette proposition qui est appuyée par une pétition en ligne ayant déjà récolté près de 150 000 signatures.

Notes de bas de page

[1]  Thierry Mathé, Gabriel Tavoularis, Thomas Pilorin, “La gastronomie s’inscrit dans la continuité du modèle alimentaire français”, Cahiers de recherche du Credoc, n° 267, 2009, p. 3.

[2] Stéphane Papi, « Islam, laïcité et commensalité dans les cantines scolaires publiques », Hommes et migrations [En ligne], 1296 | 2012, mis en ligne le 29 mai 2013, consulté le 18 octobre 2015. URL : http://hommesmigrations.revues.org/1522

[3] Enquête Ifop, « Marketing ethnique : pratiques et jugement de population d’origine musulmane sur les produits halal », janvier 2010.

[4] Le monde, Quel est le poids de l’islam en France ?
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2015/01/21/que-pese-l-islam-en-france_4559859_4355770.html

[5] CSA, « Le catholicisme en France », Le CSA décrypte…, enquête auprès de 22.101 personnes en 2012. URL: http://csa.eu  

[6] Terra eco / OpinionWay, Le végétarisme en France, enquête auprès de 1000 personnes en 2012. URL: http://www.terraeco.net/Etes-vous-prets-a-devenir,43689.html

[7] Ibidem

[8] Rapport du Défenseur des droits L’égal accès des enfants à la cantine de l’école primaire 28 mars 2013

[9] Baubérot, J. Les 7 laïcités françaises, Éditions de la maison des sciences de l’homme, 2015, p. 15.

[10] Idem. p.16.

[11] Position of the American Dietetic Association: vegetarian diets. URL: http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/19562864

[12] Alternative Végétarienne. URL: www.change.org/AlternativeVegetarienne

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Beetlejuice, Chef de demain? http://tenzo.fr/articles/article-beetlejuice-chef-de-demain/ Wed, 14 Oct 2015 13:56:56 +0000 http://tenzo.fr/?p=517
L’entomophagie, tabou en Occident mais pratique nourrissant 2,5 milliards de personnes dans le monde, est très certainement l’alternative la plus naturelle et la plus controverse à l'élevage animal. Alors fêterons-nous bientôt Noël avec une bûche aux insectes?
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Beetlejuice, Chef de demain?

1 OCTOBRE 2015 | PAR SOPHIE RAOBEHARILALA

Les œuvres de Tim Burton1 dépeignent bien souvent un monde d’horreurs, étrange et merveilleux à la fois, exagérant les traits de caractère humain. En 1992, la série animée Beetlejuice2 du même réalisateur, raconte Beetlejuicebioles aventures d’un héros fin gastronome de rampants. Peut-on y voir un Tim Burton visionnaire en matière d’alimentation? Et bien oui, car il semblerait que l’insecte devienne le roi de nos assiettes. En effet, la population mondiale augmente fortement au fil des siècles et l’on s’attend à être neuf milliards d’êtres humains en 2050, consommant et épuisant les ressources naturelles de la Terre; par conséquent elle pousse la science et les dirigeants à trouver de nouvelles solutions afin de subvenir aux besoins de chacun. Parmi les solutions évoquées se trouvent la consommation d’insectes et leur intégration dans les repas en tant qu’ingrédient. Toutefois contrairement à la fiction, le gastronome réel est-il prêt à accepter un tel bouleversement alimentaire? Quels sont les organismes, moyens et subterfuges mis en place pour préparer la transition et faire face aux conséquences?

 

La préoccupation écologique vis-à-vis de l’exploitation et de la préservation des ressources naturelles n’est plus à présenter. Parmi les mouvements la promouvant, beaucoup s’intéressent à l’alimentation et à la manière de sortir du cercle de surconsommation, à l’instar de New Harvest3 qui développe des alternatives à la production traditionnelle de viande tout en sensibilisant la recherche et l’éducation. Son but est d’agrandir le marché des substituts de viande en exploitant la production animale in vitro4 ainsi que les alternatives végétales, afin de proposer une solution économiquement avantageuse et potentiellement capable de résoudre les problèmes liés à l’élevage et à la production animale dans le monde. Ces substituts se trouvent déjà sur le marché, vendus par les distributeurs dits “bios” et destinés à une clientèle végétarienne et/ou végétalienne: ainsi est-il possible de s’approvisionner en steak de soja dans presque tous les supermarchés.

 

Mais ce premier pas vers une nouvelle alimentation soucieuse de l’avenir reste destiné à une niche en Europe, contrairement aux autres continents qui consomment depuis longtemps d’autres produits alternatifs à la viande. Les insectes sont la première alternative répandue dans le monde avec 1400 variétés différentes consommées en Afrique, Asie et Amérique.5 L’entomophagie, tabou en Occident mais pratique nourrissant 2,5 milliards de personnes dans le monde, est très certainement l’alternative la plus naturelle et la plus controverse. Son développement s’explique par l’inégalité dans la répartition mondiale de production de viande: nourrir la population mondiale reviendrait à doubler la quantité de viande, hors la surface agricole mondiale ne le permet pas.

La FAO6 déplore une “pratique qui s’affaiblit en raison de l’influence des cultures occidentales. (…) Notre rôle est de promouvoir cette gastronomie et de lutter contre la vision qui considère que l’entomophagie est un tabou”, déclare Paul Vantomme, spécialiste des forêts à la FAO. Et pour cause, ces propos illustrent l’accueil européen réservé à cette pratique. L’idée d’insecte est indubitablement liée aux nuisances plutôt qu’à la nature et de fait, l’insecte se voit porteur numéro un de maladies dans l’esprit occidental, argument non fondé car les insectes consommés proviennent d’élevages afin de garantir une fiabilité de marchandise, préserver la biodiversité et ne pas mettre des espèces en danger. L’exception européenne toutefois, se trouve aux Pays-Bas. Les scientifiques de Wageningen soutenus par les autorités ont lancé un programme financé par le Ministère de l’Agriculture visant à mettre en avant et inclure l’alimentation à base d’insectes et leurs propriétés dans le quotidien européen et non aux populations mal-nourries uniquement.

Ces aliments sont riches en protéines avec un taux atteignant 75% sur extrait sec. De plus leur taux de matières grasses est faible, 2,2% pour des criquets et grillons. Consommé à l’état larvaire, les insectes contiennent davantage de graisses mais ont un fort taux de vitamines et minéraux. Le Dr. Marcel Dicke7 souligne également que contrairement aux croyances, l’insecte est une source de nourriture plus sûre, transmettant moins de maladies que l’animal (par exemple la grippe aviaire), celui-ci ayant moins de maladies en commun avec l’Homme. Contrairement à l’élevage de bétail, l’impact environnemental de l’élevage d’insectes est moindre avec d’une part une production minime de gaz à effets de serre et d’autre part une faible utilisation de produits agricoles avec un taux de rentabilité performant: 10kgs de nourriture animale donnant 9kgs d’insectes contre 1kg de bœuf.

 

La consommation d’insectes varient d’un pays à l’autre, les préparations également selon le goût et la forme, allant du vivant au caramélisé, proposé comme plat unique ou comme accompagnement. 11944802014_822f5668a1_oLes principales familles d’insectes consommés dans le monde sont les punaises, les fourmis abeilles et guêpes, les sauterelles et criquets et enfin teignes et papillons. En Thaïlande, les insectes sont récoltés en forêt et sont consommés dans certaines régions pour éviter la famine. Cependant ils sont majoritairement appréciés pour leur goût dans tout le pays et tiennent le rang de met de choix: 200 espèces sont préparées en tant que condiments, ingrédients, apéritif, plat ou encore dessert. La gastronomie thaïlandaise inclut ce type d’alimentation dans son quotidien à tel point que la profession de vendeur d’insectes s’est développée en national et en international avec de l’exportation d’insectes vers l’occident.

L’université de Wageningen s’est essayée à la cuisine à base d’insectes, proposant des menus composés de quiches aux larves par exemple. Cette nouveauté devrait perdurer au moins le temps du projet.

 

En plus de son impact positif sur l’environnement, l’entomophagie a des fins médicinales découvertes et utilisées d’une part par les populations habitants les forêts et dépendant de cette source de nourriture, d’autre part par les autres populations dans le monde qui la pratique. De manière générale, leur teneur en protéines permet de réduire la tension artérielle. Quelques exemples: le thé noir Chongcha à base de chenilles hydrillodes moroses est un antioxydant et antiprolifératif. De même le vin chinois à base de fourmis polyrhachis possède des vertus contre l’hépatite B et les rhumatismes.

 

L’entomophagie serait donc la solution de demain pour palier aux besoins nutritionnels de la population mondiale: cependant comment combattre les idées reçues de l’Occident à ce sujet? Il serait bon de rappeler à l’Europe que cette pratique était en vogue durant 7174078163_9280c98b7a_ol’Antiquité avec la consommation de cigales entre autre dans le bassin méditerranéen. D’après le Dr.Dicke, la solution réside dans la transformation du produit afin de rendre l’insecte invisible, suivant la démarche de l’université de Wageningen consistant “à extraire les protéines pour ne plus avoir à manger l’insecte en entier”. On observe que les changements “chocs” dans l’alimentation s’accompagnent souvent d’une tendance: la consommation de poisson cru en Europe a également débuté par une polémique; aujourd’hui elle s’est banalisée avec l’apparition d’une quantité importante de restaurants/bars à sushis. Il en sera peut-être de même avec les insectes: des entreprises telles que Micronutris8 se sont lancées dans la vente d’insectes alimentaires élevés en France ainsi que dans le développement de produits alimentaires à base d’insectes. On trouve également des sites internet dédiés à la promotion de cette pratique, proposant achat de produits et recettes. La sucette scorpion à la myrtille aura-t-elle un jour toutes ses chances chez Guignol?

 

Bibliographie

∴ Guillou Marion, Matheron Gérard, 9 milliards d’hommes à nourrir: “un défi pour demain”, 2011

 

∴ Kitous Bernhard, Les alicaments : “enjeux et scénarios”, 2003

 

∴ Robin Marie-Monique, Les moissons du futurs :”Comment l’agroécologie peut nourrir le monde”, 2012

 

∴ S.Much, Serge Schall et Yannick Fourié, Insectes comestibles, 2012

 

∴ This Hervé, La cuisine note à note : “En douze questions souriantes”, 2012

 

∴ Émission radio Europe 1 du 10/08/2011 “Mangeons des insectes”

 

∴ Nations Unies – “FAO: les insectes, bestioles répugnantes ou plat délicat?”, 19 Février 2008

 

∴ Le Monde – “Les vaines promesse des alicaments”, Antonin Sabot, 16 Avril 2010

Notes de bas de page

1 Tim Burton (1958-): réalisateur, scénariste et producteur américain

2 Beetlejuice: série animée américaine créée en 1989 par Tim Burton d’après le film éponyme se déroulant dans un monde entre la vie et la mort.

3 New Harvest: organisation à but non-lucratif promouvant la recherche dans le développement de la viande in vitro et les alternatifs alimentaires.

4 la production en culture ou in vitro consiste à sélectionner des cellules animales qui seront mises en milieu riche en nutriments pour favoriser leur multiplication. Par la suite les cellules peuvent être modifiées afin d’augmenter leur taille ou quantité de protéine avant d’être récoltées puis consommées sous forme de viande traitée sans os telle que la saucisse.

6 FAO: Food and Agriculture Organization: organisation des Nations Unies créée en 1945 dont l’objectif est d’aider à construire un monde libéré de la faim”.

7 Marcel Dicke: professeur en entomologie à l’université de Wageningen, titulaire du NWO-Spinoza

8 Micronutris: société française produisant et commercialisant des insectes alimentaires et dont le but est d’intégrer nutrition, santé et environnement.

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Des parents sous influence ? – Edwige Dacheux – Auteure invitée http://tenzo.fr/articles/article-edwige-dacheux-des-parents-sous-influence-limpact-de-la-publicite-sur-les-decisions-alimentaires-dans-lindustrie-alimentaire-infantile/ http://tenzo.fr/articles/article-edwige-dacheux-des-parents-sous-influence-limpact-de-la-publicite-sur-les-decisions-alimentaires-dans-lindustrie-alimentaire-infantile/#comments Fri, 09 Oct 2015 10:10:20 +0000 http://tenzo.fr/?p=562

L'objectif de la présente étude est de décrire la manière dont les industriels spécialistes des « baby- food » ont utilisé la publicité, pour construire l'image de leurs produits.
 Le traitement de l’image publicitaire peut être riche en découvertes pour comprendre la manière dont l'industriel a utilisé la culture matérielle et la compétence des sociétés de communication pour se faire accepter sur le marché de l’alimentation industrielle et même créer un nouveau secteur : l’alimentation industrielle infantile.

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Edwige PECHON DACHEUX, enseigne l’hôtellerie et la restauration en lycée professionnel (Saint-Quentin 02). Passionnée de sciences humaines, elle se questionne depuis toujours sur les comportements et les habitudes alimentaires. Ses élèves sont alors une source intarissable de questionnements. Elle se nourri alors d’études sociologiques et anthropologiques pour tenter d’appréhender ces problématiques.
La naissance de ses deux enfants accentue ce besoin de comprendre. L’allaitement puis la diversification et l’alimentation des jeunes enfants, la passionne. Toutes ces interrogations la pousse à retrouver les bancs de l’université pour y préparer un master 2 en sciences humaines et sociales, sciences historique option histoire et cultures de l’alimentation. Elle consacre alors ses recherches à l’influence qu’exerce l’industrie alimentaire sur les devoirs nourriciers des mères de 1957 à aujourd’hui. Elle obtient son master 2 en 2014.

 

Depuis elle poursuit son cheminement sociologique pour tenter de traduire et ainsi comprendre les modifications comportementales des consommations alimentaires contemporaines.

 

Pour consulter l’ouvrage en intégralité :
Pechon Dacheux Edwige, Comment les industriels parlent-ils aux mères ? L’influence de l’industrie alimentaire infantile sur les devoirs nourriciers des mères de 1957 à aujourd’hui (2 tomes), mémoire de master 2, consultable à la bibliothèque de l’IEHCA, Tours, 2014

 

A paraître :
Pechon Dacheux Edwige, Quand les industriels parlent aux mères, Paris, éditions l’Harmattan, à paraître début 2016

Des parents sous influence ? L’impact de la publicité sur les décisions alimentaires dans l’industrie alimentaire infantile.

11 OCTOBRE 2015 | PAR EDWIGE DACHEUX

« L’homme est probablement consommateur de symboles autant que de nutriments »[1]

 

Chaque individu responsable, est aujourd’hui acteur de sa propre consommation. Il décide ainsi librement de ce qu’il ingère, et ses choix peuvent devenir alors un véritable mode de vie. Lorsque ce même individu modifie ses habitudes de vie (formation d’un couple), il modifie également ses habitudes alimentaires[2]. Alors, lorsqu’il fonde une famille, il devient logiquement, le prescripteur de l’alimentation de son enfant. A ce moment, chaque parent, se questionne sur la direction à prendre.

Présentation de la recherche

L’objectif de la présente étude est de décrire la manière dont les industriels spécialistes des « baby- food » ont utilisé la publicité, pour construire l’image de leurs produits.
Les limites du traitement de l’image publicitaire, rendent l’analyse délicate. Cependant, cette dernière, peut être riche en découvertes pour comprendre la manière dont l’industriel a utilisé la culture matérielle et la compétence des sociétés de communication pour se faire accepter sur le marché de l’alimentation industrielle et même créer un nouveau secteur : l’alimentation industrielle infantile. L’enjeu de cette analyse est de comprendre comment les industriels ont parlé aux mères à travers la publicité presse, pour faire adopter un nouveau produit devenu « bien de consommation courante ».[3]

Ce travail de recherche me guide vers des illustrations pour la promotion « d’aliments infantiles » de 1910 à nos jours. Mais comment définir cette « alimentation infantile » ? Qu’est ce qui la caractérise et qui vise t-elle ? Jean-Noël Luc tente de définir le bornage de l’enfance en se rapprochant des références médicales depuis le XVIII siècle.[4] Il fait apparaître une profonde modification des critères définissants un enfant à travers le temps. Bien que l’évolution des bornages référents pour l’alimentation infantile soit en constante évolution en fonction des époques, nous considérerons pour la présente étude que « l’aliment infantile » se définit dans notre corpus comme une alimentation spécifique pour les enfants de la naissance à trois ans.

 

Le travail de recherche ainsi présenté combine approches quantitatives et qualitatives, par une analyse sémiotique des éléments iconographiques et sociaux. Deux approches complémentaires, qui permettront de mettre en lumière, les éléments qui mèneront la réflexion centrale de recherches. Le travail de Peirce[5] sera un guide précieux dans mon analyse. Sa théorie générale des signes, insérée dans mon corpus me permettra de visualiser une perspective plus large. Le lien entre « signifiant », « référent » et « signifié » marquera majoritairement mon travail. Nous pourrions proposer une définition schématique de cette dynamique tripolaire liant le signifiant au référent et au signifié.

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J’ai ainsi lié, tout au long de l’observation, l’analyse sémiologique, l’analyse quantitative aux résultats d’un sondage via QCM, effectué sur un échantillon de 100 personnes ayant eu des enfants entre 1960 et 2013[6].

La lecture sémiotique

Les analyses du corpus ont mis en lumières plusieurs centres d’intérêt. La lecture sémiotique a permis de dévoiler des axes de travail qui ont guidé la communication des industriels sur l’ensemble temporel de l’étude. L’analyse sémiologique a mis en évidence que plusieurs axes de communications se côtoyaient dans une même publicité : le produit, le goût et la parentalité étant au centre des mouvements publicitaires. Sur fond d’évolution de couleurs, d’évolution des mœurs, d’effets de mode la constatation du changement a été claire. L’évolution des pratiques alimentaires et parentales, de la manière dont elles ont été perçues, et sont aujourd’hui perçues, met également en évidence une modification du rapport de l’homme aux sens, à son propre corps, à celui de son enfant, et surtout à l’idée de perfection parentale, qui aujourd’hui est presque devenue un idéal.

 

Reprenons tout de même ici les éléments déployés pour faciliter l’acceptation du produit.

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Voici l’illustration type de la lecture sémiologique effectuée sur chaque publicité :

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L’analyse quantitative

Les analyses quantitatives, ont quant à elle mises en avant ou isolé des éléments du discours linguistique ou iconique qui prennent tout leur sens dans la modification du statut de l’enfant. Nous pourrions avancer l’hypothèse que, le statut de l’enfant a été bouleversé, et a subit de grandes évolutions en aval des campagnes publicitaires successives. L’enfant est en effet, similairement au produit, le régisseur de l’évolution des industriels de l’alimentation infantile. Dans le corpus étudié, 100 % des publicités présentent une image accompagnée d’un texte. Ces textes, mots sont remarquablement différents en fonction des époques. « L’image des mots »[7] nous donnera une indication forte sur le message véhiculé, les axes primaires et secondaires mais aussi sur le public visé en fonction de l’époque donnée. Nous le remarquons sans détour en comparant deux publicités de marques commerciales et d’époques différentes :

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L’analyse quantitative[8] a mis en évidence l’importance des mots, des images, des couleurs, des graphismes, en fonction des périodes de communication. Le produit, qui peut être reconnu comme «innovation[9]», de par ses caractéristiques historiques et sociales, évolue et fait évoluer les consommations des familles françaises. L’histoire des baby-food ne s’arrête pas avec la fin du corpus et pour émettre quelques hypothèses sur « l’avenir de l’histoire ».

Sociologie des consommations et des consommateurs

 Le consommateur-parent qui est-il ?

L’essor des grands magasins introduit la consommation de masse, le «petit peuple», commençant à côtoyer la bourgeoisie et contribue à donner à la femme un statut privilégié, dans la mesure où elle devient la cible favorite des commerçants [10]. Cible encore plus prisée sur le marché de l’alimentation infantile industrielle puisque le processus d’achat de ce type d’aliment est bien particulier : les acheteurs (les parents) décident pour les consommateurs (leurs bébés) sur prescription du corps médical et de l’entourage. Les acheteuses ont également changé de profil avec l’évolution de l’histoire du produit et son acceptation. Effectuons une comparaison entre le tonnage de baby-food vendu en France et les chiffres du travail des femmes pour justifier la corrélation entre nos deux variables.

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Nous constatons clairement que l’évolution des deux courbes proposées est similaire. Ceci nous donne donc une indication sur le facteur favorisant l’achat de produits type «baby-food » dans les familles françaises. Les industriels vont alors déployés au fil des époques les arguments « santé », « sensibilité sensorielle », « la naturalité », les marques à coup de labels de d’arguments influencent la décision d’achat du consommateur parent.

Les recettes marketing sont les meilleures

Il est également aisé de constater que les publicitaires utilisent à souhait la pyramide de Maslow, l’analyse via la méthode SONCASE [11], en jonglant agilement avec les freins et les motivations de l’acte d’achat selon Joannis [12]. La publicité doit répondre au modèle AIDA[13] afin d’assurer continuellement l’attention du futur acheteur et assurer la fidélisation de ce dernier.

Bibliographie

∴ Anne Dupuy, Plaisirs alimentaires socialisation des enfants et des adolescents, Presse universitaire François Rabelais, 2013
∴ Baudez Hélène, Le goût ce plaisir que l’on dit charnel dans la publicité, Paris : l’Harmattan, 2006
∴ C. Randimbivo-lolona , Comment l’industrie agroalimentaire remplit nos assiettes? Edition le square, 2013
∴ Collectif, Alimentation contemporaine, Editeur : L’Harmattan, 2002
∴ Dagnaud Monique, Enfants, consommation et publicité télévisée, texte imprimé, Paris : La documentation française, 2003
∴ De la ville Valérie Inés , Brougère Gilles, On ne joue pas avec la nourriture !, 2011, Observatoire Cniel des habitudes alimentaires (les cahier de l’Ocha)
∴ Fabiola Flex, Pr Patrick Tounian, L’alimentation de vos enfants, enquête sur le marketing et les idées reçues, Denoël, 2010
∴ Lambert J.-P. ; Poulain J.-P. « Les apports des sciences humaines et sociales à la compréhension des comportements alimentaires », La santé de l’homme, n° 358, mars-avril 2002
∴ Marie Emmanuelle Chessel, Histoire de la consommation, Paris, La découverte, 2012
∴ Martin Marc, trois siècles de publicité en France, Paris : O.Jacob, 1992
∴ N. Sapena, L’enfant jackpot, Protégeons nos enfants contre les abus, Edition Flammarion, 2005
∴ Pierre Volle, Denis Darpy,Comportem-ents du consommateur et décisions marketing, Editions Dunod, 2012

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Conclusion

A l’origine de cette étude, il y avait un désir : celui de comprendre comment les industriels se sont adressés et s’adressent aux mères pour promouvoir une alimentation infantile industrielle. Nous pouvons ainsi avancer deux hypothèses, nées de cet exercice « d’enquête » : Les axes principaux qui marquent l’évolution temporelle sont les réels acteurs de l’acceptation de l’innovation alimentaire et il se passe dans les années 1980, une modification du statut de l’enfant qui influe en autre sur les comportements des mères responsables des achats alimentaires.

 

Le produit baby-food est devenu une innovation acceptée par les familles françaises au fil de l’histoire. Pour cela, les industriels ont déployés divers axes de communications répondant tous aux demandes conscientes ou inconscientes des acheteurs. On les a successivement rassuré, culpabilisé, émerveillé, fait fantasmé, séduit. La décision d’achat semble être un fait social total qui implique de nombreux facteurs sociaux et humains. Les industriels l’ont compris et développent ainsi leurs axes de communication en fonction de l’aire sociale et des envies humaines du moment. Nous notons dans cette évolution publicitaire, un virage dans la considération de l’enfant dans la famille. Cet élément transpirant dans les publicités pour l’alimentation infantile, mérite cependant d’être analysé sous d’autres angles pour éviter d’apporter un regard biaisé sur cette affirmation.

Notes de bas de page

[1] Jean Trémolière, Diététique et art de vivre, Guides pratiques seghers, 1977, 323p.

[2] Kilien Stengel, hérédités alimentaires et identité gastronomique, suis-je réellement ce que je mange ?, 2014, 122p.

[3] Un bien de consommation désigne un produit fabriqué destiné au consommateur final.

[4] Jean-Noël Luc, « les premières écoles infantiles », in Egle Becchi et Dominique Julia (Dir.) Histoire de l’enfance en Occident, tome 2 du XVIIIe à nos jours, Paris, Le Seuil, 1998, p.325.

[5] Charles Sanders Peirce, Ecrits sur le signe, Seuil, 1978

[6] Dacheux Edwige, Mémoire de master II, annexe 1, tome II, p.1 à 3

[7] Martine Joly, Introduction à l’analyse de l’image, Paris, Armand Colin, 2013, p.91

[8] Dacheux Edwige, Mémoire de master II, tome I, p.70

[9] Selon le site Internet : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/innovation/43196, consulté le 30/06/2014 : « Processus d’influence qui conduit au changement social et dont l’effet consiste à rejeter les normes sociales existantes et à en proposer de nouvelles ». Jean Pierre Williot définit l’innovation comme : « L’acceptation d’un changement qui se caractérise par la modification des usages sur une durée longue et sur un large public », 14/03/2014

[10] Benoît Heilbrunn, La consommation et ses sociologies, deuxième édition, Paris, Armand Colin,
p.9

[11] Richard Ladwein, Comportement du consommateur et de l’acheteur, Economica, 2003, 400 p.

[12] Henri Joannis, de l’étude de la motivation à la création publicitaire et à la promotion des ventes, Erreur Perimes Dunod, 1983, 444 p.

[13] Attirer l’Attention, Susciter l’Intérêt, Provoquer le Désir, Inciter à l’Action


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http://tenzo.fr/articles/article-edwige-dacheux-des-parents-sous-influence-limpact-de-la-publicite-sur-les-decisions-alimentaires-dans-lindustrie-alimentaire-infantile/feed/ 1
À LA LOUPE – Gilles Bragard et Christian Roudaut, Chefs des Chefs http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-chefs-des-chefs/ Thu, 01 Oct 2015 15:51:48 +0000 http://tenzo.fr/?p=417 1a2422e
Titre : Chefs des chefs Sous-titre : Elysée, Kremlin, Buckingham, Maison Blanche... Enquête dans les cuisines du pouvoir Auteur : Gilles Bragard et Christian Roudaut Maison d'édition : Editions du Moment Année de parution : 2013
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Chefs des Chefs – Gilles Bragard et Christian Roudaut

1 OCTOBRE 2015 | PAR SOPHIE RAOBEHARILALA

Ce court ouvrage réalisé par Gilles Braguard, fondateur du Club des Chefs des Chefs, et Christian Roudaut, journaliste-écrivain ancien reporter politique à Paris et correspondant à Londres, revient sur les différents chefs des cuisines d’État du monde. On suspecte peu l’importance et l’impact de l’assiette lors des réunions au sommet et pourtant la diplomatie passe également par les fourneaux.

Au-delà de ce rôle politique, Braguard et Roudaut soulignent également l’évolution des priorités en cuisine: au temps de la profusion et de la richesse des mets succède celui de la diététique et des dépenses raisonnables.

On peut donc observer les différentes approches de la table d’État dans le monde, avec leurs conditions de travail et leurs exigences variées, tout en survolant leurs traditions gastronomiques.

Le lecteur est plongé l’espace d’un instant dans les hautes sphères politiques avec leurs codes de conduite. Il comprendra les différents rôles de l’assiette d’État, un moyen de médiatisation, un symbole de prestige et surtout une traduction de l’approche politique de chaque dirigeant.

Quatrième de couverture

Ils sont les cuisiniers de l’ombre: pas d’étoiles au Guide Michelin, interdits de surexposition médiatique. Pourtant, ces chefs de haut vol jouent un rôle crucial dans les palais officiels. Leur cuisine met de l’huile dans les rouages diplomatiques et du baume au cœur des chefs d’État.

À chaque réception, c’est un peu de l’honneur national qui se joue. une mission aussi exaltante que stressante. À la première table du pays, le droit à l’erreur n’existe tout simplement pas ! Mais les chefs des chefs sont aussi les ambassadeurs d’une cuisine officielle qui se veut désormais exemplaire: diététique, éthique, goûteuse, sans être trop coûteuse.

Pour la première fois dans un livre, les chefs-cuisiniers des palais du monde entier nous décrivent la comédie du pouvoir par le menu :  paranoïas alimentaires de la guerre froide, crises de nerfs à la Maison Blanche, folies des dictateurs ou lubies de l’Élysée. Une enquête exclusive truffée d’informations croustillantes et d’anecdotes savoureuses.

La première édition de cet ouvrage a obtenu le prix spécial du jury des Gourmand Awards 2014.

Table des matières

Prologue  9
Des chefs sur le gril 13
Marmites sous haute surveillance  29
La diplomatie de l’assiette  43
Ambassadeurs de la cuisine nationale  61
Sueurs froides aux fourneaux  75
Scènes de cuisine à la Maison Blanche  89
Régime de crise  103
Cuisine minceur, cuisine fraîcheur  119
Un peu de saveur dans un monde de brutes  131
Chefs au féminin 147
Au service de Sa Majesté 159
Les risques du métier 169
Épilogue 181
Bibliographie 189
Remerciements 191
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À LA LOUPE – Pierre Hinard, Omerta sur la viande http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-omerta-sur-la-viande/ Thu, 01 Oct 2015 12:43:38 +0000 http://tenzo.fr/?p=384 tumblr_nf0ubycBF91r3dbleo1_1280
Titre : Omerta sur la viande Sous-titre : Un témoin parle Auteur : Pierre Hinard Maison d'édition : Grasset Année de parution : 2014
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Omerta sur la viande – Pierre Hinard

1 OCTOBRE 2015 | PAR SOPHIE RAOBEHARILALA

Dans cet ouvrage, Pierre Hinard retrace son expérience professionnelle en tant qu’ingénieur agronome au sein de l’industrie de la viande. L’auteur dénonce des pratiques allant à l’encontre des règles d’hygiène et du respect de l’animal comme de l’Homme, le tout sur fond de mafia du bœuf en France. Il y dénonce également les failles physiques du système de contrôle des lieux et des conditions de transformation de la viande, avec un effectif d’agents gouvernementaux bien trop réduit, ainsi qu’une montée de la méfiance du consommateur malgré l’offre à bas coût du produit dans les supermarchés.

Cet ouvrage subjectif est à lire avec beaucoup de recul. Cependant à défaut de pousser le lecteur vers un végétarisme salvateur et une méfiance accrue envers l’industrie alimentaire, il démontre des pratiques déjà connues mais toujours présentes et souligne les rapports entre politiques et production alimentaire, ainsi que l’importance accordée au consommateur.

Quatrième de couverture

Éleveur, fils d’éleveurs, ingénieur agronome et ancien créateur de marchés bio à Paris, Pierre Hinard entre il y a dix ans dans une importante société d’abattage et de découpe de Loire-Atlantique qui sert tout le bottin de l’agroalimentaire, de McDonald’s à Flunch, d’Auchan à William Saurin. Un parcours exceptionnel et très spécialisé, des vertes prairies normandes aux steaks hachés en barquettes, via le monde secret des abattoirs.

Pierre Hinard, qui a longtemps voulu croire que la qualité et l’excellence pouvaient trouver leur chemin jusqu’aux rayons des supermarchés, découvre les dessous pas très propres des “usines à viandes”: des asticots dans la viande hachée, des pièces congelées, décongelées, recongelées, des analyses faussées, des dates truquées, du sang déversé dans les champs. Face à ces manquements, les services vétérinaires sont absents ou corrompus et les pouvoirs publics pour le moins… distraits. En bout de chaîne, des consommateurs lésés, méprisés et trop souvent malades.

Quand il lance l’alerte, Pierre Hinard est licencié et, cinq ans plus tard, rien n’a changé. Il décide aujourd’hui de raconter de l’intérieur les dérives d’un système qui méprise paysans et consommateurs. Il présente des documents inouïs, et révèle tout le circuit de l’empoisonnement ordinaire. Quelles conséquences pour nous, consommateurs? Quelles sont les alternatives?

Il propose des solutions concrètes pour trouver et consommer des produits de qualité. Que manger redevienne un plaisir.

Quatrième de couverture

Éleveur, fils d’éleveurs, ingénieur agronome et ancien créateur de marchés bio à Paris, Pierre Hinard entre il y a dix ans dans une importante société d’abattage et de découpe de Loire-Atlantique qui sert tout le bottin de l’agroalimentaire, de McDonald’s à Flunch, d’Auchan à William Saurin. Un parcours exceptionnel et très spécialisé, des vertes prairies normandes aux steaks hachés en barquettes, via le monde secret des abattoirs.

Pierre Hinard, qui a longtemps voulu croire que la qualité et l’excellence pouvaient trouver leur chemin jusqu’aux rayons des supermarchés, découvre les dessous pas très propres des “usines à viandes”: des asticots dans la viande hachée, des pièces congelées, décongelées, recongelées, des analyses faussées, des dates truquées, du sang déversé dans les champs. Face à ces manquements, les services vétérinaires sont absents ou corrompus et les pouvoirs publics pour le moins… distraits. En bout de chaîne, des consommateurs lésés, méprisés et trop souvent malades.

Quand il lance l’alerte, Pierre Hinard est licencié et, cinq ans plus tard, rien n’a changé. Il décide aujourd’hui de raconter de l’intérieur les dérives d’un système qui méprise paysans et consommateurs. Il présente des documents inouïs, et révèle tout le circuit de l’empoisonnement ordinaire. Quelles conséquences pour nous, consommateurs? Quelles sont les alternatives?

Il propose des solutions concrètes pour trouver et consommer des produits de qualité. Que manger redevienne un plaisir.

Table des matières

Introduction   11
Le recyclage industriel des viandes  15
Lanceur d’alerte : un métier à risque  34
Comment un système illégal peut-il perdurer aussi longtemps?  53
Quelle viande pour notre assiette?  84
Petites histoires grandes enseigne  96
Le pot de terre contre le pot de fer  138
L’illusion de la viande pas chère  185
Le Bœuf d’herbe  201
Conclusion: les conséquences de nos achats   213
Lexique 219
Notes bibliographiques 221
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