À la loupe – Tenzo Le Gastrocéphale http://tenzo.fr Sciences de l'alimentation ven, 04 Mai 2018 04:27:27 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=4.7 Manger, mode d’emploi? http://tenzo.fr/articles/manger-mode-demploi/ Sun, 05 Feb 2017 11:22:46 +0000 http://tenzo.fr/?p=2352
Dans son livre “Manger, mode d’emploi”, le sociologue Claude Fischler nous présente sous forme d’entretien et au fil d’anecdotes un état des lieux des comportements alimentaires des Français, en les comparant principalement à ceux des Américains. Partant du constat qu’en France, le taux d’obésité demeure bien en-deçà de la moyenne des pays développés, il s’engage à expliquer ce relatif bon fonctionnement de la culture alimentaire française.
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Manger, mode d’emploi?

05 FEVRIER 2017 | PAR GAELLE VAN INGELGEM
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Pour la première fois en dix ans, les supermarchés français ont enregistrés une baisse de leur vente en produits alimentaires. Il semblerait que les consommateurs s’orientent de plus en plus vers une nourriture de qualité, et se mettent à délaisser certains produits jugés inutiles comme le lait, le sucre ou les jus de fruit. Aussi, ils se tournent plus volontiers vers les produits bio qui ont enregistrés une augmentation record de 18% des ventes dans le supermarchés en 2016.

 

En relisant Claude Fischler, on comprend que cette tendance n’est ni étonnante ni exceptionnelle. Au contraire, elle semble s’inscrire dans une conception particulière que les Français ont de leur alimentation. Dans son livre “Manger, mode d’emploi”, le sociologue nous présente sous forme d’entretien et au fil d’anecdotes un état des lieux des comportements alimentaires des Français, en les comparant principalement à ceux des Américains. Partant du constat qu’en France, le taux d’obésité demeure bien en-deçà de la moyenne des pays développés, il s’engage à expliquer ce relatif bon fonctionnement de la culture alimentaire française. Bien que des inégalités existent, principalement dépendantes du niveau économique des mangeurs, il apparaît que dans l’ensemble les Français pratiquent une alimentation ayant des effets bénéfiques sur leur santé, et ce malgré les discours alarmistes.

 

De plus en plus, les choix en matière alimentaire sont considérés comme objectifs et réfléchis, fruit exclusif d’une volonté personnelle. Ils seraient conscients, rationnels et individuels. Ainsi, jeûner un jour par mois, arrêter l’alcool pendant trente jours, “faire maigre” après les fêtes, seraient des actions à la portée de tous, relevant d’une simple volonté face à laquelle on serait tous égaux. Pour Fischler, ce processus d’individualisation dans notre rapport à la nourriture et au repas pourrait être responsable des maux contre lesquels ces mêmes actions sont censées lutter.

 

Prenons par exemple la campagne lancée par la fondation belge de lutte contre le cancer. Cette “tournée minérale” en appelle à arrêter de boire de l’alcool durant tout le mois de février, en vue de sensibiliser contre cette substance qui, consommée à l’excès, serait responsable de nombreux cancers. Tout est mis en place pour rendre le challenge « excitant », avec notamment la possibilité d’inscrire en ligne toute une équipe de collègues ou d’amis et ainsi relever le défi de manière collective.

 

Pourtant, à la différence des jeûnes à vocation spirituelle, l’objectif de cette imposition alimentaire est strictement consumériste et individuel. Cachée derrière un discours bien pensant de lutte contre le cancer, l’idée est surtout de reprendre en main sa consommation, de la maîtriser, et de se positionner en tant qu’individu capable d’actions guidées par un choix personnel. Cette relation à l’acte alimentaire n’est pas sans rappeler celle qui prévaut de l’autre côté de l’Atlantique. Et qui, toujours selon Fischler, n’est pas sans poser problème:

 

“On a pu le constater à plusieurs reprises, il y a dans la culture américaine une valorisation extrême de la notion de choix, qui va de pair avec une conception très libérale – au sens économique – de l’individu. L’individu est libre, et sa liberté se mesure au nombre de choix qui lui sont offerts. Mais il est responsable aussi, ce qui se vérifie parce qu’il fait le “bon choix”, c’est à dire le choix rationnel – et le choix moral. »

 

Et de continuer:

 

Le problème est que cette importance accordée à la liberté individuelle mesurée à l’aune de l’étendue du choix s’accompagne d’une poids de responsabilité qui peut vite être écrasant. Parce qu’ils sont des individus rationnels, ayant fait leur choix sans entrave, il est “normal” qu’ils paient le prix d’une erreur de choix. La liberté du choix, assortie à la responsabilité, débouche ainsi sur l’anxiété du choix, sur le regret, et assez aisément sur la culpabilité. Manger n’est plus un plaisir, ou c’est un plaisir culpabilisé, et en tout cas un casse-tête.” 1

 

Aussi, nous sommes loin d’être égaux face à la volonté. En effet, des psychologues ont montré que le “self-control” est un mythe. La question de la maîtrise de soi dépasserait largement la seule volonté responsable. Au-delà des facteurs économiques et socioculturels qui influencent nettement nos comportements alimentaires, les facteurs génétiques ont également un rôle crucial à jouer dans notre capacité à résister aux tentations (alimentaires ou autres).

 

Une étude menée par une équipe de psychologues de l’Université de Chicago datant de 2011 a montré que les personnes qui pensent exceller le plus dans le domaine de la maîtrise de soi, sont celles qui, en fait, ont le moins besoin de s’en servir:

 

“The students who exerted more self-control were not more successful in accomplishing their goals. It was the students who experienced fewer temptations overall who were more successful when the researchers checked back in at the end of the semester. What’s more, the people who exercised more effortful self-control also reported feeling more depleted. So not only were they not meeting their goals, they were also exhausted from trying. »2

 

Les raisons invoquées pour expliquer cette inégalité face à la tentation sont multiples (facteurs socioculturels, économiques, génétiques et environnementaux) mais n’ont, selon cette étude, aucun lien avec le degré de motivation ou de volonté. Au contraire.

 

La prévalence de l’obésité aux états-unis nous rappelle, toujours selon Fischler, le danger de se cantonner à une explication volontariste et responsabilisante du rapport à l’alimentation. Plutôt que de crier à la faute, peut-être s’en remettre au collectif; non pas un collectif fantasmé mais un collectif capable de réguler.

 

Autour d’une table, l’individu est plus prompt à limiter sa consommation que seul chez lui, guidé par sa volonté. Un repas copieux ou frugal, arrosé d’alcool ou d’eau minérale, nous avons le choix. Alors plutôt que de l’alléger, prenons le l’esprit léger. Que ce soit pour lutter contre le cancer, la solitude ou l’obésité.

Bibliographie

∴ FISCHLER, Claude. Manger, mode d’emploi? Entretiens avec Monique Nemer. Paris: Puf, 2013.

1. p. 79-80

2. http://www.vox.com/science-and-health/2016/11/3/13486940/self-control-psychology-myth

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À LA LOUPE – Warren Belasco – Meals to come. A history of the future of food. (en français) http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-warren-belasco-meals-to-come-a-history-of-the-future-of-food-en-francais/ Sun, 18 Dec 2016 11:26:57 +0000 http://tenzo.fr/?p=2251 Pieter+Claesz-Still-life+With+Turkey-pie
Titre : Meals to Come: A History of the Future of Food Auteur : Warren Belasco Maison d'édition : University of California Press Année de parution : 2006
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Warren Belasco est professeur d’Histoire américaine à l’Université du Maryland. Il est considéré comme l’un des pionniers des « food studies », domaine d’études sur lequel il travaille depuis plus de trente ans. Plusieurs de ses ouvrages, dont celui présenté ici, sont considérés comme incontournables dans ce champ d’études.

Meals to come. A history of the future of food – Warren Belasco (en français)

11 DÉCEMBRE 2016 | PAR DAVID LAFLAMME

L’ouvrage de Warren Belasco présenté dans ce À la loupe est souvent cité comme faisant partie des canons de l’histoire de l’alimentation. Il est d’ailleurs dommage qu’aucune traduction n’existe à ce jour. Nous proposerons ici la traduction libre de quelques passages choisis nous paraissant pertinents à la compréhension de cet ouvrage phare.

Étudier l’histoire du futur. Voilà une approche qui peut paraître paradoxale, mais Belasco prouve qu’il n’en est rien. L’Homme est bien entendu fasciné par son avenir. Sa propension aux exercices d’anticipation fait partie des caractéristiques qui le définissent. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que l’Homme a également une admirable tendance à intellectualiser ce qu’il ingurgite. Cette combinatoire propose l’existence d’un corpus monumental ayant trait au futur de notre alimentation.

Warren Belasco a, tel un cartographe, navigué ce corpus et en a produit une carte articulant de grandes perspectives philosophiques à différentes visions de l’avenir de l’alimentation. Il explique que l’histoire de l’avenir de l’alimentation s’articule, encore de nos jours, autour de trois angles d’approches dont les théoriciens principaux sont nés au XVIIIe siècle.

Dans cette étude, j’observe la manière avec laquelle le futur de l’alimentation a été conceptualisé et représenté durant les deux cents dernières années. Quand l’économiste et Pasteur Thomas Malthus (1766-1834) a publié son Essai sur le principe de population (1798) en réponse aux « spéculations » du mathématicien français, le Marquis de Condorcet (1743-94) et du radical anglais William Godwin (1756-1836), il en a cristallisé un débat triparti à propos du futur du système alimentaire. Dans How Many People Can the Earth Support? (1995), le démographe Joël Cohen articule la même position persistante sur la question du comment nourrir le futur : (1) cuisiner une plus grande tarte ? (2) mettre moins de couverts sur la table, ou (3) apprendre à tout le monde de meilleures manières de table ? Ne voyant aucune limite à l’ingéniosité et la créativité humaine, Condorcet a prédit que la science et l’industrie arriveraient toujours à cuisiner une plus grande et meilleure tarte pour tout le monde. Rejetant un tel optimisme techno-cornucopianiste, Malthus pris la position « moins de fourchettes » : La capacité de l’humanité à se reproduire sera toujours plus grande que la capacité des fermiers à produire et celle des scientifiques à faire des miracles. Ainsi, la prudence dicte-t-elle une approche plus conservatrice et moins dispendieuse du futur. Pessimiste quant à la nature humaine, Malthus doutait également de l’approche Godwinienne des « meilleures manières » voulant qu’au sein d’une société égalitaire préconisant des valeurs altruistes, les humains trouveraient une manière de se partager les dons de la nature.  L’optimisme démocratique de Godwin a été développé à partir de la vision des socialistes et libéraux du XIXe siècle qui valorisaient la redistribution des ressources comme solution à la faim.

Le même débat triparti continu aujourd’hui, malgré l’utilisation de plus de statistiques et d’une prose moins élégante. Citant les gains de productivité miraculeux des deux cents dernières années, les cornucopiens de Condorcet à la Banque Mondiale et à Monsanto maintiennent un espoir de gains similaires s’appuyant sur le libre-marché capitaliste et les biotechnologies. Citant deux siècles de désastres environnementaux et d’épuisement des ressources, les néo-malthusiens comme Paul Ehrlich et Lester Brown s’inquiètent des limites de la croissance. Au même moment, soulignant qu’au moins un milliard de personnes vivent dans la disette malgré des surplus agricoles croissants, les néosocialistes Godwiniens de Food First soutiennent que les pauvres ne pourront jamais se nourrir adéquatement sans l’existence d’un système économique équitable. (p. VIII-IX)

In this study I look at the way the future of food has been conceptualized and represented over the past two hundred years. When the economist/parson Thomas Malthus (1766-1834) published his Essay on the Principle of Population as It Affects the Future Improvement of Society (1798) in response to the “speculations” of the French mathematician the Marquis de Condorcet (1743-94) and the English radical William Godwin (1756-1836), he crystallized a three-way debate about the fu­ture of the food system. In How Many People Can the Earth Support? (1995), demographer Joël Cohen articulates the same enduring positions on the question of how we might feed the future: (1) bake a bigger pie, (2) put fewer forks on the table, or (3) teach everyone better table manners. Seeing no limits on human ingenuity and creativity, Condorcet pre­dicted that science and industry could always bake bigger and better pies for everyone. Dismissing such techno-cornucopian optimism, Malthus took the “fewer forks” position: humanity’s capacity for reproduction would always outrun the farmer’s capacity for production and the scientist’s capacity for miracles, so prudence dictated a more conservative, less expansive approach to the future. Pessimistic about human nature, Malthus also doubted Godwin’s “better manners” stance, which held that in an egalitarian society with altruistic values, people would figure out ways to share nature’s bounty. Godwin’s democratic optimism was elaborated upon by nineteenth-century socialists and liberals alike, who promoted resource redistribution as the solution to hunger.

The same three-way debate continues today, albeit with more statistics and less elegant prose. Citing two centuries’ worth of miraculous productivity gains, Condorcet’s cornucopians at the World Bank and Mon­santo maintain hope for more of the same through free-market capitalism and biotechnology. Citing two centuries’ worth of environmental disas­ter and resource depletion, neo-Malthusians like Paul Ehrlich and Lester Brown worry about the limits to growth. Meanwhile, noting that at least a billion people remain hungry amidst mounting agricultural surpluses, the Godwinian neosocialists at Food First argue that only with a more equitable economic system can the poor feed themselves. (p. VIII-IX)

Belasco rappelle que celui qui prédit ce à quoi le monde de demain ressemblera le fait toujours par rapport à une logique qui lui est propre. Qui plus est, il le fait avant tout pour influencer les décisions prises dans le présent.

Derrière les statistiques se cachent des hypothèses subjectives et moralisatrices à propos de l’adaptabilité et de la créativité humaine, de la nature de la vie bonne et des changements politiques. Même les think tanks les plus interdisciplinaires ne s’aventurent que rarement loin de leurs propres valeurs, paradigmes et expériences. Cette tendance à généraliser et à universaliser sa propre vision du monde existait déjà chez les participants originaux au débat. C’est par exemple le cas lorsque Malthus explique que la « passion entre les sexes » sera toujours plus grande que la capacité à produire des aliments, ou quand Condorcet déclare que la recherche de commodité mènera inévitablement l’humanité vers plus de rationalité et de démocratie. […] Malthus ne saurait peut-être pas quoi faire d’un monde qui a plus de passion sexuelle et de céréales que ce qu’il ne peut manier en toute sécurité. Pas plus que Condorcet ne serait capable d’expliquer quand la progression des restaurants de fast food — le summum de la commodité — a dépassé le développement de la démocratie rationnelle. (p. 69)

Pour la plupart d’entre eux, les futuristes n’ont pas véritablement travaillé sur le futur, mais davantage sur la projection d’inquiétudes, d’espoirs et d’événements contemporains sur le futur. Il est vraiment difficile, peut-être impossible, d’appréhender quoi que ce soit au-delà du présent et du passé immédiat. Mais la précision n’est qu’une raison parmi plusieurs qui explique pourquoi les individus font des prédictions. Une autre est pour agir sur le présent. Il y a une différence entre une prédiction correcte (qui s’avère juste) et une prédiction utile (qui change les conditions actuelles pour créer un futur désirable ou pour en éviter un indésirable).  (p.91)

Behind the statistics lurked subjective, often moralistic assumptions about diet, human adaptability and creativity, the nature of the good life, and political change. Even the most interdisciplinary think tankers rarely ven­tured much beyond their own values, paradigms, and experiences. This tendency to generalize and universalize one’s own worldview was well established by the original debaters, as when Malthus asserted that the « passion between the sexes” would always outpace the ability to pro­duce food, or when Condorcet argued that the search for convenience would inevitably lead humanity in the direction of greater rationality and democracy. […] Malthus might not know what to make of a world that has more sexual passion and grain than it can safely handle, nor would Condorcet be able to comprehend a world where the proliferation of fast foods—the cutting edge of convenience—has outrun the development of rational democracy. (69)

For the most part, futurists have not really been discussing the future so much as they have been pro­jecting contemporary events, worries, and hopes onto the future. It is re­ally hard, maybe impossible, to conceive of anything beyond the imme­diate past and present. But accuracy is only one of many reasons why people make predictions. Another is to affect the present. There is a dif­ference between a “correct” forecast (one that turns out to be accurate) and a “useful” forecast (one that changes present conditions in order to create a desirable future or prevent an undesirable one. (91)

Après avoir abordé les cadres philosophiques qui orientent systématiquement tous ceux qui s’adonnent aux exercices prédictifs de ce genre. Belasco explore les fictions spéculatives utopiques et dystopiques, passant du Magicien d’Oz à Frankenstein, de Herbert George Wells à Aldous Huxley en montrant en quoi ces dernières s’inscrivent dans ces cadres philosophiques, mais également comment ces fictions ont contribué à orienter et structurer le débat qui nous intéresse.

Dans une dernière partie, l’auteur décompose la vision cornucopienne du futur de l’alimentation en trois sous branches ; classique, moderniste et recombinante. La vision du futur des classiques se veut une continuation et un développement des progrès passés en utilisant des méthodes inspirées directement des innovations qui ont permis d’accroître méthodiquement la production céréalière depuis deux cents ans. C’est une vision qui eut ses heures de gloire avant 1920 dans les expositions universelles et les salons agricoles étudiés par l’auteur.

L’approche moderniste, surtout populaire entre 1920 et 1965, établit une cassure profonde avec le passé : « Elle se positionne sur une vision basée sur les technologies et les percées scientifiques les plus récentes et requiert le rejet de l’ancien ». (p.150) C’est le futur de l’irradiation des aliments, des protéines d’algues et des smoothies tout-en-un.

Finalement, la vision recombinante, comme son nom l’indique, se veut un peu un mélange des deux approches précédentes.  Ce genre particulier de proposition futuriste est en vogue depuis le milieu des années 1960. Warren Belasco emprunte l’expression recombinant au sociologue Todd Gitlin qui l’a définit dans son ouvrage sur l’industrie télévisuelle américaine Inside Prime Time (1983) comme étant cette capacité de satisfaire les attentes des téléspectateurs, à la recherche de nouveauté et de nostalgie :  « […] l’inséparable pression économique et culturelle pour la nouveauté doit coexister avec une pression pour la constance ». (p.231)

In this provocative addition to his acclaimed writings on food, Warren Belasco considers a little-explored yet timely topic: humanity’s deep-rooted anxiety about the future of food. He deftly explores an array of fascinating material ranging over two hundred years-from futuristic novels and films to Disney amuse­ment parks, supermarket and restaurant architecture, organic farmers’ markets, and debates over genetic engineering-and along the way provides an innovative framework for thinking about the future of food today.

“Warren Belasco is a witty, wonderfully observant guide to the hopes and fears that every era projects onto its culinary future. This enlightening study reads like time travel for foodies.” Laura Shapiro, author of Something from the Oven: Reinventing Dinner in 1950s America

“Warren Belasco’s wide-ranging scholarship humbles ail would-be futurists by reminding us that ours is not the first generation, nor is it likely to be the last, to argue inconclusively about whether we can best feed the world with fewer spoons, better manners, or a larger pie. Truly painless éducation; a wonderful read! » Joan Dye Gussow, author of This Organic Life.

“Warren Belasco serves up an intellectual feast, brilliantly dissecting two centuries of expectations regarding the future of food and hunger. Meals to Come provides an essential guide to thinking clearly about the worrisome question as to whether the world can ever be adequately and equitably fed.” Joseph J. Corn, coauthor of Yesterday’s Tomorrows:’Past Visions of the American Future

“This astute, sly, warmly human critique of the basic belly issues that have absorbed and defined Americans politically, socially, and economically for the past two hundred years is a knockout. Warren Belasco’s important book, crammed with knowledge, is absolutely necessary for an understanding of where we are now. » Betty Fussell. author of My Kitchen Wars

Warren Belasco, Professor of American Studies at the University of Maryland Baltimore County, is author of Appetite for Change: How the Counterculture Took on the Food Industry and Americans . On the Road: From Autocamp to Motel and coeditor of Food Nations: Selling Taste in Consumer Societies.

Preface vii
Part I. Debating the future of food: The battle of the think tanks
1. The stakes in our steaks 3
2. The Debate: Will the world run out of food? 20
3. The deep structure of the debate 61
Part II. Imagining the future of food: Speculative fiction
4. The utopian caveat 95
5. Dystopias 119
Part III. Things to come: Three cornucopian futures
6. The classical future 149
7. The modernist future 166
8. The recombinant future 219
Postscript 263
Notes 267
Parmis les ouvrages les plus célèbres de Warren Belasco, l’on compte notamment :
Food Chains: From Farmyard to Shopping Cart (Philadelphia: University of Pennsylvania Press, 2009).
Food: The Key Concepts (New York: Berg, 2008).
Meals to Come: A History of the Future of Food (Berkeley: University of California Press, 2006).
Food Nations: Selling Taste in Consumer Societies (New York: Routledge, 2002).
Appetite for Change: How the Counterculture Took on the Food Industry (Ithaca: Cornell University Press, 1987).
Americans on the Road: From Autocamp to Motel, 1910-1945 (Cambridge: MIT Press, 1979).
Pour aller plus loin :
[VIDÉO] Conférence de Warren Belasco An Introduction to the Future of Food Au Smithsonian’s National Museum of American History (6 novembre 2010)
[ARTICLE] Thierry Marx et l’histoire du futurisme alimentaire. (15 octobre 2016)
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À la loupe! – Maguelonne Toussaint-Samat – La très belle et très exquise histoire des gâteaux et des friandises http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-maguelonne-toussaint-samat-la-tres-belle-et-tres-exquise-histoire-des-gateaux-et-des-friandises/ Sun, 23 Oct 2016 09:00:47 +0000 http://tenzo.fr/?p=2140 dessert
Titre : La très belle et très exquise histoire des gâteaux et des friandises. Sous-titre : - Auteur : Maguelonne Toussaint-Samat Maison d'édition : Flammarion (Paris) Année de parution : 2004
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Fille, petite-fille et cousine d’écrivains – elle est apparentée à Henry de Montherlant – Maguelonne Toussaint-Samat a écrit très tôt ses premières nouvelles, publiées dans des revues pour enfants. A l’âge de 22 ans, elle publie son premier roman, Le Mort et sa fille , bientôt suivi par Concerto pour meurtre et orchestre. A partir du début des années 1960, elle s’intéresse au Moyen Age et publie aux Editions Nathan Contes et légendes des croisades, lequel est couronné par l’Académie française. Récits des châteaux de la Loire, publié en 1964, reçoit également le prix de l’Académie française. Maguelonne Toussaint-Samat choisit ensuite de s’intéresser à l’art culinaire et a publié chez les plus grands éditeurs une vingtaine de livres de cuisine, traduits en plusieurs langues.

La très belle et très exquise histoire des gâteaux et des friandises – Maguelonne Toussaint-Samat

 

23 OCTOBRE 2016 | PAR SOPHIE RAOBEHARILALA

 

En 2004, les éditions Flammarion ont publié un superbe ouvrage destiné aux gourmands invétérés et à ceux qui s’ignorent, La très belle et très exquise histoire des gâteaux et des friandises, par Maguelonne Toussaint-Samat. Auteur a succès dans  différents domaines littéraires, Maguelonne Toussaint-Samat se tourne vers la cuisine et l’histoire de la gastronomie durant les années 1960.

 

Dans ce livre au titre évocateur, l’auteur nous transporte dans le monde merveilleux des desserts du Moyen-Âge à nos jours. Ponctués de recettes historiques, gravures et illustrations, les chapitres nous décrivent avec humour tour à tour la création de desserts et les personnages clés de la gastronomie sucrée française. Ainsi retrace-t-on l’évolution des croque-en-bouches, le succès de la maison L.U, ou encore l’affaire du Boursin calquée sur celle de la tarte Tatin. Difficile de se séparer cet ouvrage en fin de lecture, on en ressort avec un goût de trop peu et surtout, une irrépressible envie de vérifier cette lecture chez son pâtissier!

Traversant allègrement les continents et les millénaires depuis le gâteau d’Abraham, ce livre est une histoire de la gourmandise émaillée de citations d’auteurs, de documents historiques et de près de cinquante recettes qui nous font savourer aussi bien les mets sucrés des Romains que le galifouty du Berry, les cornes de gazelle ou la « fameuse tarte crémeuse d’érable de Jehanne Benoit ». Voyage au pays des mets et des mots, des us et des coutumes, cette Très Belle et Très Exquise Histoire des gâteaux et des friandises nous rappelle combien le goût pour les choses sucrées est affaire de civilisation. Maguelonne Toussaint-Samat nous ouvre avec brio les lointaines officines des premiers pâtissiers et nous raconte la naissance de quelques délices fameux comme le saint-honoré de Chiboust ou la religieuse de Frascati. On croise en chemin des rois et des reines, des empoisonneurs et des diplomates, des poètes gourmands et des pécheurs dévots. Des enfants perdus deviennent d’illustres pâtissiers, des peuples s’affrontent à grands renforts de kouglofs ou de babas. Si la gourmandise est le péché des bonnes âmes, son histoire par Maguelonne Toussaint-Samat a la saveur d’une vraie passion.

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À LA LOUPE – José Falce – La bière, une histoire de femmes http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-jose-falce-la-biere-une-histoire-de-femmes/ Wed, 23 Mar 2016 10:25:05 +0000 http://tenzo.fr/?p=1839 9782343052540
Titre : La Bière Sous-titre : Une histoire de femmes Auteur : José Falce Maison d'édition : L'Harmattan Année de parution : 2015
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portrait
José FALCE est professeur de service et commercialisation au lycée Marguerite Yourcenar de Beuvry (Pas-de-Calais). Il a décidé pendant un an de reprendre ses études, et de suivre les cours du master « Histoire et cultures de l’alimentation », à l’université François Rabelais de Tours. C’est sa passion pour la bière (brasseur amateur, fourquet d’argent à deux reprises lors du concours 2007 et 2010, organisé par le Musée Français de la bière de Saint-Nicolas-de-Port), qui l’a naturellement poussé à faire ces recherches et à rencontrer des passionnés à travers tout le grand est de la France.

La bière – Une histoire de femmes – José Falce

 

23 MARS 2016 | PAR SOPHIE RAOBEHARILALA

 

Les éditions de L’Harmattan nous propose de lire un travail de recherche passionnant sur les liens entre la femme et la bière, travail établi par José Falce dans le cadre du Master en histoire et cultures de l’alimentation.
 
José Falce retrace le rôle de la femme dans la production et la promotion de la bière en France. Tour à tour au centre des affiches publicitaires, représentant aussi bien les différentes classes sociales que les idéaux féminins au fil de l’Histoire (mère de famille, pin-up, femme émancipée etc…), la femme devient une marque à part entière aux yeux des brasseurs.
 
L’auteur souligne donc les différentes facettes du rôle de la femme en tant qu’objet publicitaire, symbole identitaire, travailleuse transmettant le savoir-faire français.

Quatrième de couverture

Cet ouvrage présente les recherches effectuées dans le cadre d’un mémoire portant sur la bière et les femmes. Un lien entre la femme et la bière s’était tissé dès l’Antiquité, mais c’est au moment de la révolution industrielle, quand les brasseurs ont débuté le brassage de la bière industrielle, que ce lien s’est renforcé.
Le sujet traite de la place de la femme dans la publicité, les marques de fabrique des grandes brasseries Karcher, La Comète et La Semeuse, et les marques de bière comme La Divette, ou La Belle Siska. L’image de la femme sera aussi utilisée comme porteur de messages forts : la mère nourricière avec les bières hygiéniques, nourrissantes et
dynamisantes, la figure patriotique qui fait de la bière une valeur sûre qui résiste au temps, ou encore l’image de la femme tentatrice, qui propose une boisson qui procure du plaisir. La dernière partie de l’ouvrage s’interrogera sur la femme, et les lieux de consommation et de distribution de la bière industrielle.
Les recherches couvrent cent ans d’histoire de France et de la bière (1880-1980), et s’appuient sur plus de 400 références (revues, livres objets d’archives…).

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À LA LOUPE – André Castelot – L’histoire à table http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-andre-castelot-lhistoire-a-table/ Tue, 23 Feb 2016 09:00:36 +0000 http://tenzo.fr/?p=1728 andrécastelot
Titre : L'histoire à table Sous-titre : si la cuisine m'était contée Auteur : André Castelot Maison d'édition : Perrin Année de parution : 2015 (Première édition 1972, Plon)
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(1911-2004)
André Castelot français d’origine belge, était un journaliste et écrivain passionné d’Histoire officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’ordre national du Mérite et de l’ordre de Léopold de Belgique. Il prônait la vulgarisation de cette discipline et sa passion lui fit recevoir en 1984, le Grand Prix d’Histoire de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre.

 

Directeur et fondateur en 1947 de la collection     « Présence de l’Histoire », André Castelot qui se voyait comme       « homme de lettres et journaliste depuis 1935 », a collaboré à de nombreux quotidiens et périodiques.
Auteur de nombreuses publications sur les grands noms de l’Histoire, il créa avec Alain Decaux en 1951 jusqu’à 1997 l’émission à succès « La Tribune de l’Histoire » sur France Inter. La télévision vit également ce duo proposer de 1956 à 1966, la série Énigmes puis La caméra explore le temps.

L’histoire à table. Si la cuisine m’était contée – André Castelot

24 FÉVRIER 2016 | PAR SOPHIE RAOBEHARILALA

 

André Castelot nous propose un dictionnaire gastronomique rassemblant des morceaux choisis de la cuisine et de l’histoire à travers les siècles. On y retrouve l’origine d’ingrédients ainsi que des suggestions de préparation, l’histoire de plats populaires, des portraits et anecdotes de chefs mais également de grands noms fins gastronomes. Un ouvrage tout aussi enrichissant qu’il est divertissant et une excellente introduction à l’histoire de l’alimentation.

 
Extraits :
 
 

Bacon
Ce mot ne nous vient pas de l’Angleterre contrairement à ce que vous pourriez croire. Le bacon est un vieux mot français qui, au Moyen Age, signifiait lard. On ne devrait donc pas le prononcer bekun ! Signalons encore que le mot est parti vers l’Allemagne et est devenu bakko – jambon – en vieil allemand.
Au Moyen Age, la dîme du bacon constituait la principale dotation de certaines églises ou abbayes. Le repas baconique des chanoines de Notre-Dame avait lieu chaque année, à l’occasion de la perception des redevances qui leur étaient dues. Autre réjouissance du même ordre, et au même endroit : la Foire aux jambons.

 

Pièces montées
Elles furent la gloire des tables d’autrefois, plaisir de la vue autant que du goût. Les sujets à la mode étaient les paysages, châlets en nougatine accrochés à des rochers de meringue, ou allégories comme chez Chibouts et Frascati, cornes d’abondance en nougat remplies de fruits. Puis on en vint aux thèmes historiques ou anecdotiques, le passage du Grand-Saint-Bernard, rapporte J.Robiquet, ou encore le glorieux épisode, en réduction et en sucre, du pont de Lodi. En 1781 déjà, un Irlandais, sir Icher Irvin, avait donné à Dublin une fête extraordinaire, dont l’attraction principale fut le dessert, la plus martiale des pièces montées, qui représentait la forteresse de Gibraltar investie par les troupes espagnoles. « C’était, raconte Wraxhal, une copie fidèle de ce roc célèbre avec les ouvrages, les batteries et l’artillerie des assiégeants qui jetaient des balles de sucre contre les murailles. La dépense de cette pièce magnifique ne se monta pas à moins de trente-trois mille sept cents livres. »
Dame Tartine, elle aussi, a des murs de nougatine autour de son palais de beurre frais et peut-être la vieille chanson s’inspire-t-elle de nos anciennes traditions pâtissières.
Le plus grand spécialiste en pièces montées fut assurément Carême (voir ce nom) dont la vocation fut précoce.
Parmi les très nombreuses pièces montées qui ont jalonné la carrière du pâtissier, citons : La hapre, ornée d’une couronne de sucre filé, avec des cordes également en sucre, couronne de laurier en biscuit vert, des fleurs et des pommes de pin en sucre rose ou d’or, et trois socles de pâte d’office, comportant des choux glacés, des tartelette d’abricot, des gâteaux renversés, glacés au four : une lyre enlacée des emblèmes de l’amour ; une mappemonde en sucre filé qu’on servit à Mortefontaine au moment du mariage de Marie-Louise; des pavillons chinois, des cabinets vénitiens, des belvédères égyptiens; enfin des ruines celles de Palmyre ou d’Athènes, genre très à la mode. Carême conseille pour ce « genre rustique » une mousse « qui est de bel effet pour orner les ruines, rochers, chaumières, grottes », faite d’une pâte d’amandes colorée de vert, « vert tendre ou vert plus foncé et un peu mollette passée par la pression d’une spatule à travers un tamis de crin gros ».
Des casques encore, comme le casque français qu’à l’Élysée-Bourbon « une dame de la cour posa sur la tête d’un général », ou le casque romain. Carême en fit un mémorable en l’honneur de Talma qui jouait alors le rôle d’Achille dans Iphigénie. La crinière était en sucre rose, et sur chaque feuille de la couronne de laurier était gravé un vers rappelant les rôles de Talma.
Terminons avec la célèbre pièce montée qui clôt le repas de mariage des Bovary : « A la base, d’abord, c’était un carré de carton bleu figurant un temple, avec portiques, colonnades et statuettes de stuc tout autour, dans des niches constellées d’étoiles en papier doré ; puis se tenait, au second étage, un donjon en gâteau de Savoie, quartiers d’orange, et enfin, sur la plate-forme supérieure, qui était une prairie verte où il avait des rochers avec des lacs de confiture et des bateaux en écale de noisettes on voyait un petit Amour se balançant à une escarpolette de chocolat, dont les deux poteaux étaient terminés par deux boutons de roses naturelles, en guise de boule au sommet. » On voit que Flaubert rivalise d’imagination avec les grands pâtissiers du XVIIIe siècle.

Quatrième de couverture

« De A (abricot, absinthe, ail, andouillettes, armagnac, asperges, avocat) à Z (Zewelewai, Zola), André Castelot nous convie à un voyage à travers les siècles d’une érudition joyeuse, dans lequel il raconte tour à tour les aliments, les ingrédients, les ustensiles, les chefs et gastronomes célèbres, les rois et reines à table, les établissements et métiers de bouche, l’origine et l’évolution des repas, les mets courants et légendaires, les vins et boissons, les fromages, les cuisines par pays; enfin, les expressions (« boire un coup ») et les coutumes qui sont autant de rites à la gloire de l’exception française par excellence : la gastronomie. »

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À LA LOUPE – Sidney W. Mintz – La douceur et le pouvoir http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-sidney-w-mintz-la-douceur-et-le-pouvoir/ Tue, 26 Jan 2016 09:00:31 +0000 http://tenzo.fr/?p=1483 Pieter+Claesz-Still-life+With+Turkey-pie
Titre : La douceur et le pouvoir. La place du sucre dans l'histoire moderne. Auteur : W. Mintz Sidney Maison d'édition : Éditions de l'Université de Bruxelles Année de parution : 2014 (première ed. en anglais 1985)
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1922-2015
Figure majeure de l’anthropologie aux États-Unis. Considéré comme l’un des pionniers des food studies,  Sidney Mintz a étudié l’anthropologie à l’Université de Columbia et enseigné pendant plus de vingt ans à Yale avant de rejoindre l’Université Johns Hopkins dont il fonda le département d’anthropologie.

La douceur et le pouvoir. La place du sucre dans l’histoire moderne – Sidney W. Mintz

26 JANVIER 2016 | PAR DAVID LAFLAMME

« Passer d’un sujet aussi futile que le sucre à une réflexion sur l’état du monde peut sembler présomptueux. Mais nous avons vu comment le saccharose, cet «enfant chéri du capitalisme» – pour reprendre l’expression lapidaire de Fernando Ortiz, illustre la transition d’un type de société à un autre. La première tasse de thé chaud et sucré bue par un ouvrier anglais fut un événement historique majeur car il préfigura la transformation de toute une société, la refonte totale de ses assises sociales et économiques ». [1]

Sweetness and Power. The Place of Sugar in Modern History est souvent considéré comme faisant partie des quelques ouvrages fondateurs des food studies, c’est-à-dire des études culturelles des pratiques alimentaires.  Pour l’écrire, Sydney W. Mintz endosse à la fois le rôle d’historien et celui d’anthropologue.

Mintz est, lorsqu’il entreprend Sweetness and Power, docteur en anthropologie spécialisé dans l’étude de la zone des Caraïbes.  Avec cet ouvrage, il contribuera entre autres à élargir le spectre des pratiques anthropologiques. Il reproche aux anthropologues des années 1980 qui étudient l’alimentation des sociétés modernes, de ne pas se demander d’où viennent les aliments et qui les produit «…d’autant plus que les anthropologues de l’alimentation traditionnelle leur accordent beaucoup d’importance». [2]

Pour certains, le sujet du sucre peut paraître simple de prime abord. Le spectre d’analyse multidisciplinaire de Mintz en révèle pourtant toute la complexité. Les conclusions que cet angle d’approche lui permettent de tirer sur les profonds changements sociaux qui marquèrent le XIXe siècle, révèlent la force de cette œuvre apte à donner des vertiges au lecteur!

Pour ce À la loupe, une fois n’est pas coutume, nous avons décidé plutôt que de faire une critique ou une analyse, de faire une compilation d’extraits choisis de la manière la plus arbitraire qui soit. En sélectionnant nos passages préférés classés selon trois des thèmes abordés par Mintz.

1. La transformation socio-symbolique du sucre et de ses usages.

« Le sucre de canne – le saccharose – est une substance protéiforme, pourrait-on dire, aux usages multiples. Dès son intro­duction en Europe du Nord, on le trouvait sous diverses formes et couleurs allant du liquide sirupeux au solide cristallin, du marron foncé («rouge») au blanc absolu (ou une autre couleur éclatante) et, en ce qui concerne le degré de pureté, du presque brut au 100% raffiné. Les sucres les plus purs étaient les plus prisés, entre autres pour des raisons esthétiques, et nous avons déjà mentionné la préférence des consommateurs pour les variétés de sucre blanc fin, réservé notamment à des usages culi­naires et médicaux. En général, plus le sucre est pur, mieux il se mélange à d’autres aliments et plus il est facile à conserver ».  [3]

Le sucre comme médicament – Gras ou maigre?

« Au XIIe siècle, le caractère médicinal du sucre se trouva au centre d’un important débat théologique qui mit en lumière sa quasi-invulnérabilité face aux attaques morales. Les sucres épicés sont-ils des aliments? La consommation de ces sucres constitue-t-elle une rupture du jeûne? Thomas d’Aquin lui- même les déclara médicaments plutôt qu’aliments: «Bien que nourrissantes, les épices sucrées sont consommées non dans un but nutritif mais plutôt pour faciliter la digestion; par consé­quent, pas plus qu’un autre médicament, elles ne sauraient constituer une rupture du jeûne». C’est ainsi que Thomas d’Aquin conféra à l’étonnant saccharose – universel (toutes choses pour tous les hommes), protéiforme et subtil – une propriété particulière. Des principaux produits tropicaux que j’appelle «aliments-drogues» (thé, café, chocolat, tabac, rhum, sucre) dont la consommation en Europe a considérablement augmenté entre le XVIIe et le XXe siècle, le sucre est en effet le seul à avoir échappé aux interdits religieux. Cette vertu «laïque» du saccharose mérite plus ample explication ». [4]

Médecine humorale

« Outre Thomas d’Aquin, d’autres lettrés faisant également autorité dans les domaines de la médecine et de la philosophie, évoquèrent les propriétés médicinales du sucre. Dans son traité De Vegetabilibus (1250-1255 environ), Albert le Grand emploie le langage de la médecine humorale pour exprimer une opinion somme toute favorable : « Il est, de par nature, humide et chaud, comme l’atteste sa douceur, et il devient sec en vieillissant. C’est un calmant et un bon remède à l’enrouement et aux maux de poitrine, qui donne soif (mais moins que le miel) et qui peut quelquefois provoquer des vomissements. Mais dans l’ensemble, il fait du bien à l’estomac si ce dernier est en bon état et exempt de bile»Le saccharose tenait une place importante dans tous les remèdes censés combattre la peste noire.» [5]

De médicament à édulcorant

« Vers la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, on prescrivit le sucre comme médicament avec plus de discernement et son usage médical diminua ; en revanche, il devenait de plus en plus populaire comme édulcorant et agent de conservation. Utiliser le sucre comme médicament n’avait plus guère d’impor­tance, puisque les gens en consommaient dans leur alimentation en quantité substantielle et l’ancien usage médical fut assimilé à une nouvelle fonction: l’apport en calories ». [6]

Le sucre comme épice

« L’usage du sucre en tant qu’épice atteignit sans doute son apogée au xvie siècle. Peu après, les prix, l’approvisionnement et les habitudes de consommation changèrent rapidement et de façon radicale. Il n’est pas surprenant que l’usage du sucre en tant qu’épice eût tendance à disparaître alors même qu’il devenait de plus en plus abondant. Mais en tant que condi­ment, il subsista dans certains usages qui, pour être marginaux, ne méritent pas moins d’être signalés. Les biscuits et les petits fours que l’on consomme en période de fêtes associent fréquem­ment, renouant avec de vieilles traditions, le sucre et les épices (gingembre, cannelle, poivre, etc.) ; de même, la volaille – dinde, canard ou oie – est souvent accompagnée de confitures de fruits, de sucre brun et de sauces sucrées, ainsi que le jambon qu’on apprête avec des clous de girofle, de la moutarde, du sucre brun et d’autres assaisonnements réservés aux grandes occasions. N’allons pas croire pour autant que le sucre tend à reprendre ses anciennes prérogatives. Loin d’indiquer un changement dans les usages, ces associations de condiments réservées à certains plats montrent – ce que les anthropologues affirment depuis longtemps – que les fêtes perpétuent les traditions qui se sont perdues dans la vie quotidienne. L’époque où le sucre était avant tout une épice est bel et bien révolue ; aujourd’hui, le sucre est partout. Certains usages anciens subsistent cependant, et porter la main à son chapeau, dire le bénédicité ou encore confectionner des petits pains d’épices est en quelque sorte une façon de remonter le temps ». [7]

Le passage de l’épice à l’édulcorant

« Le sucre en tant qu’épice ou condiment modifie le goût des aliments – comme toute autre épice, que ce soit le safran, la sauge ou la noix de muscade – sans toutefois les rendre à proprement parler sucrés. Dans le monde moderne, on utilise habituellement le saccharose en telle quantité qu’on peut trouver étonnant cet emploi parcimonieux, mais pour tout cuisinier ayant de l’expé­rience, cette coutume archaïque est familière. Que le sucre soit un édulcorant nous semble l’évidence même; toutefois, le passage de l’épice à l’édulcorant revêt une importance historique et l’usage du sucre en Grande-Bretagne changea qualitativement lorsque les conditions économiques favorisèrent cette évolution ». [8]

Histoire du dessert

« Ce n’est qu’au xve siècle que les recettes de pâtisseries figurent couramment dans les livres de cuisine. A partir de deux ouvrages datant de cette époque, Austin consacra un chapitre aux Dyverse baked métis («Divers mets cuits au four»), dans lequel il rassembla des recettes utilisant des jaunes d’œuf, de la crème, plusieurs épices dont le safran, et du sucre (dans certains cas du miel), le tout mélangé avant d’être cuit au four dans des coupes, des coquilles ou des barquettes en pâte. Au cours des siècles suivants, ce genre de mets se fit de plus en plus courant, mais la place qu’ils occupaient dans un repas restait fluctuante et ne se stabilisera que tardivement dans l’histoire du sucre. Sans doute a-t-il fallu que les denrées sucrées deviennent bon marché et suffisamment abondantes pour que les gens établissent un lien entre un service particulier et la saveur spécifique des desserts. Manger un aliment sucré à chaque repas ou que celui- ci comprenne un dessert n’a rien de naturel ou d’inéluctable. Apparemment, ce n’est que depuis les deux derniers siècles que la pratique du dessert s’est banalisée en Europe occidentale, et c’est plus récemment encore que le dessert s’est imposé comme le plat qui termine le repas. […] L’habitude du dessert – consistant généralement en un «pudding» – s’instaura définitivement à la fin du xixe siècle lorsque l’emploi du sucre s’intensifia. Mais elle s’opéra conjoin­tement à d’autres bouleversements dans le régime alimentaire et la structure des repas en Angleterre, dont l’un fut la diminution de la consommation de pain et de farine auxquels on substitua des denrées bientôt accessibles à tous et moins coûteuses, comme le sucre ; et elle continua au xxe siècle tant en Angleterre qu’aux Etats-Unis. Elle fut, semble-t-il, inversement proportionnelle à la consommation de sucre et de viande (ou du moins de matières grasses) qui ne cessa d’augmenter.[…] Tandis que le dessert figurait aux repas dans presque toutes les couches de la société, l’emploi du sucre se généralisait. Il fut bientôt, sous une forme ou sous une autre, l’accompagne­ment quasi universel des produits à base de blé et des boissons chaudes. Son apport calorique, estimé à 2% de la ration calo­rique totale au début du XIXe siècle, atteignit environ 14% un siècle plus tard. Si surprenant qu’il puisse paraître, ce chiffre se situe en-deçà de la vérité car il représente une moyenne natio­nale et ne tient pas compte de facteurs tels que l’âge, le genre ou la classe sociale. Le fait que le sucre ait exercé un attrait plus grand chez les pauvres – dont il pouvait tromper la faim en se substituant à d’autres aliments plus nutritifs – est peut-être à inscrire au nombre de ses bienfaits. » [9]

2. La transformation du sucre en produit de première nécessité pour le prolétariat anglais.

L’industrialisation et le quotidien des ouvriers.

« Je soutiens que la consommation accrue de produits tels que le saccharose était la conséquence directe de modifications profondes dans la vie de la population ouvrière (nouveaux horaires, nouvelles tâches et conditions de vie), rendant possibles et même « naturels » de nouveaux modes d’alimentation et l’introduction de nouveaux aliments ». [10]

« Le prix modique du thé avait certes son importance, mais il n’explique pas à lui seul la tendance croissante des Britan­niques à le consommer. Le pasteur David Davies, fin observa­teur de la vie rurale à la fin du XVIIIe siècle, nota judicieusement le concours de circonstances qui entraîna une préférence de plus en plus marquée pour le thé et le sucre au détriment d’autres éléments du régime alimentaire: les pauvres auraient produit et bu du lait s’ils avaient pu élever une vache, mais les registres de comptes détaillés sur lesquels il s’appuie montrent que ce n’était pas le cas. En outre, le malt étant soumis à une taxe, ils ne pouvaient plus fabriquer leur bière ». [11]

« Avec le tabac, le sucre et le thé, le capitalisme véhicula l’idée qu’une personne peut devenir autre en consommant autrement, ce qui n’a rien à voir avec la nutrition, les primates ou le goût pour la douceur et moins qu’on ne le croirait avec les symboles. En revanche, cela touche de près la transformation fondamen­tale de l’Angleterre qui, de société hiérarchique, médiévale, fondée sur le rang, est devenue sociale-démocrate, capitaliste et industrielle ».

« L’hypothèse que j’avance ici selon laquelle les changements diététiques furent influencés par le bouleversement du rythme et de la nature du travail est difficile voire impossible à prouver. Je dirai même que la nature de ces nouveaux aliments déter­mina pour une grande part leur adoption. Transformées par le capitalisme britannique de produits de luxe destinés aux classes influentes en produits de première nécessité pour les prolétaires, ces denrées sont d’un genre particulier: elles offrent un moment de répit et apaisent pour un temps les affres de la faim, comme l’alcool ou le tabac; elles stimulent et ragaillardissent sans être nutritives, comme le café, le chocolat ou le thé; enfin, comme le sucre, elles sont riches en calories et ajoutées aux autres substances, elles peuvent en augmenter l’attrait. Il n’y avait là aucune conspiration visant à détruire le système nutritionnel des ouvriers britanniques, aucune préméditation pour les intoxiquer ou nuire à leur dentition. Il demeure cependant que l’accroisse­ment constant de la consommation de sucre fut un subterfuge dans les luttes pour le profit au sein d’une même classe – luttes qui se soldèrent par la création d’un marché mondial pour les aliments-drogues, au moment où le capitalisme industriel se délestait du protectionnisme défaillant et élargissait la commer­cialisation de ses produits afin de satisfaire les consommateurs prolétaires, jugés naguère coupables ou fainéants. De ce point de vue, le sucre s’est avéré le produit idéal. Il donne l’illusion de calme; il facilite, ou semble le faire, le passage du repos au travail et vice-versa; il procure un senti­ment de satiété et de satisfaction plus rapidement qu’aucun glucide complexe ; on peut facilement le consommer avec beau­coup d’autres aliments et d’ailleurs, il entre dans la préparation de certains (thé et biscuit, café et pain au lait, chocolat et tartine de confiture). Comme nous l’avons vu, le sucre avait aussi un pouvoir symbolique car on attribuait à son utilisation maintes significations secondaires. Il n’est donc pas étonnant que les riches et les puissants s’en soient entichés et que les pauvres aient appris à en raffoler». [12]

Le pouvoir impérial est responsable de l’augmentation de la consommation de sucre des Anglais.

« Si les Anglais ont eu accès au sucre, ce n’est pas en vertu des processus de symbolisation et de signification mais à cause d’initiatives politiques, économiques et militaires dont la mise en œuvre était inconcevable pour le citoyen moyen. Par ailleurs, la masse de main-d’œuvre servile était tout aussi nécessaire pour assurer la production du saccharose et des boissons stimu­lantes en quantité voulue. Ce n’est qu’une fois cette organisa­tion en place que la faculté spécifiquement humaine d’attribuer une signification a pu se manifester. Bref, la création d’une marchandise permettant l’exercice du goût et de la faculté de symbolisation était hors de portée et des esclaves africains qui produisaient le sucre et du peuple anglais prolétarisé qui le consommait. Ensemble, esclaves et prolétaires faisaient fonc­tionner le système économique impérial qui enchaînait les uns et gavait les autres de sucre et de rhum, sans qu’aucun des deux groupes ne puisse exercer une quelconque influence. La liberté croissante du choix de consommer ne représentait qu’une espèce spécifique de liberté, rien d’autre ». [13]

L’importance du sucre dans l’économie impériale.

« La signification du sucre dans l’économie impériale était tout à fait différente de celle qu’il prit dans la vie du peuple anglais. Mais l’approvisionnement et le prix du sucre furent la consé­quence directe d’une politique impériale, conçue au départ pour satisfaire un marché qui existait déjà et qui progressivement anticipa son développement. Cette incitation à élargir le marché intérieur se traduisit par l’effondrement des réexportations, et la production fut solidement arrimée au sein de l’Empire. Le contrôle accru de la production s’accompagna d’une hausse continuelle de la consommation en métropole. Bien plus tard, lorsque la politique protectionniste fondée sur des droits discri­minatoires fut rejetée par le Parlement et que les planteurs des Indes occidentales perdirent le soutien de leurs partisans de la veille, la consommation ne cessa d’augmenter alors même que les colonies d’Afrique et d’Asie s’engageaient dans la culture de la canne et la fabrication du sucre et que le sucre de bette­rave commençait à supplanter le sucre de canne dans l’éco­nomie mondiale. Dès lors – c’est-à-dire à partir du milieu du XIXe siècle – les deux significations du sucre, dans une certaine mesure, finirent par se confondre ».

« Les Anglais en vinrent à considérer le sucre comme essen­tiel et l’approvisionnement devint un impératif tant politique qu’économique, tandis que les détenteurs d’immenses richesses issues du labeur de millions d’esclaves volés à l’Afrique, travail­lant sur des milliers d’hectares de terre volés aux Indiens du Nouveau Monde richesses qui consistaient en marchandises comme le sucre, la mélasse et le rhum destinés à être vendus tant aux Africains, aux Indiens, aux colons qu’à la classe ouvrière britannique – nouaient des liens de plus en plus étroits avec le pouvoir».

« C’est là que se rejoignent les concepts de signification et de pouvoir. Assurément, aucun des propagandistes du XVIIe siècle ne s’attendait à ce que l’Angleterre devienne une nation de mangeurs de sucre. Et pourtant, avec la collaboration des classes qu’ils soutenaient, ils ont assuré la croissance régulière d’une société où le sucre était de plus en plus abondant et que la traite des esclaves, le système de plantations, l’esclavage lui- même puis l’industrialisation en métropole n’ont cessé d’enri­chir. Produit de luxe devenu, sous l’impulsion des individus, une gâterie bon marché pour les prolétaires, le saccharose était bel et bien un des opiums du peuple; sa consommation symbolisait le succès du système qui le produisait ». [14]

« Le thé sucré était chaud, stimulant et riche en calories ; il était bu par des salariés travaillant dans des conditions difficiles; il pouvait donner l’illusion d’un repas chaud – tous ces aspects ont une égale importance. Autre facteur qui entre en jeu; le rapport intime entre le lieu de production de ces aliments, le rôle de ceux qui en sont à l’origine, de ceux qui travaillent à sa production et de ceux qui la contrôlent, et le lieu de consommation. L’Empire, après tout, avait connu au sein d’un même système politique la création de l’économie de plantation esclavagiste et (au final) du prolétariat, et tiré un immense profit du fait qu’esclaves et prolétaires s’alimentaient mutuellement sous le joug impérial ». [15]

3. La question du rôle des plantation dans l’apparition du capitalisme.

« Avant que le système d’usine du capitalisme ne s’installe en Europe, comment décrire les plantations antillaises et leur mode de fonctionnement? A quelle sorte de système économique appar­tenaient-elles puisque le capitalisme, tel qu’il est généralement conçu, n’était pas encore entré en scène? ».

« Selon certains historiens, le capitalisme ne devint une force économique dominante qu’à la fin du XVIIIc siècle. Mais son essor entraîna la destruction des systèmes qui l’avaient précédé – notamment le régime féodal de l’Europe occidentale – et l’ins­tauration du commerce international. Cet essor est allé de pair avec la création des colonies, d’entreprises expérimentales dans diverses régions du monde et le développement de nouveaux modes de production au Nouveau Monde fondés sur l’escla­vage – ce qui constitue peut-être la plus importante contribu­tion externe de l’Europe à sa propre croissance économique. Les plantations antillaises jouèrent un rôle vital dans ce processus, incarnant toutes ces caractéristiques et fournissant à la fois de nombreuses marchandises aux consommateurs européens et d’importants marchés pour la production européenne. En tant que telles, elles constituèrent une source de profits substantielle pour l’Europe avant même que le capitalisme – de l’avis de la plupart des experts – n’y fit son apparition ».

« Cette constatation nous ramène à la plantation, forme précoce d’organisation industrielle développée loin des centres européens. La plantation se singularise à la fois par la main- d’œuvre qu’elle emploie et par sa structure. Et pourtant, son existence était le résultat de desseins européens et à sa manière et avec le temps, elle devint un élément essentiel du développement de l’Europe. Si elle n’était pas «capitaliste», elle n’en constituait pas moins une étape importante vers ce mode d’organisation ». [16]

« Analysant ce curieux mélange d’esclavage et d’expansion du marché mondial du marché mondial des produits de plantation – que l’historien trinidadien Eric Williams décrit comme un système alliant les péchés du féodalisme à ceux du capitalisme sans y joindre aucune de leurs vertus ». [17]

« Même s’ils n’étaient pas des capitalistes, même si les esclaves n’étaient pas des prolétaires, même si le mercantilisme et non une économie libre prévalait alors, même si le taux d’accumulation des profits était bas et la composition organique du capital statique, il n’en reste pas moins que ces curieuses entreprises agro-industrielles faisaient vivre certaines classes capitalistes en métropole au moment même où elles accéléraient leur passage au capitalisme »[18]

Origine du mot « cassonade »

« Le sucre brun moins raffiné, partiellement purifié et cristallisé, était importé dans des caissons – il s’agit du « sucre casson», appelé par la suite cassonade, que l’on trouve dans les inventaires des épiciers au milieu du xve siècle ». [19]

Plantation de canne dans les îles Vierges (XIXe siècle)

Sweetness and Power. The Place of Sugar in Modem History (1985) fut traduit une première fois en Français en 1991 sous le titre Sucre blanc, misère noire. Le goût et le pouvoir.
L’édition utilisée pour ce « À la loupe » est La douceur et le pouvoir. La place du sucre dans l’histoire moderne. (2014)
Sweetness and Power a également été traduit en allemand (Die süße Macht), japonais (甘さと権力), turc (Şeker ve Güç), espagnol (Dulzura y poder), néerlandais (Suiker & Macht), italien (Storia dello zucchero), koréen et arabe.

Quatrième de couverture

Produit exotique et rare originaire d’Inde, le sucre, issu de la culture de la canne, va connaître une expansion extraordi­naire à partir du xvie siècle dans la foulée des Grandes Découvertes. Réservé aux élites à l’origine et marqueur par excellence de la distinction sociale, le sucre devient en quelques siècles un bien de consommation de masse, un produit de première nécessité, un «opium du peuple». Faisant fi de toutes les conventions du genre, ce livre, fruit d’une enquête foisonnante et minutieuse, propose d’abord une thèse stimulante: le sucre est un acteur majeur autant qu’un révélateur de l’histoire du capitalisme mondial et des rapports de force qui s’y jouent. Sidney Mintz, spécialiste des Caraïbes, s’est transformé en historien pour montrer comment la consommation du sucre, substance issue d’un modèle de production particulier – le système de planta­tions -, a changé la face du monde industriel, à commencer par celle des ouvriers anglais à partir du milieu du xixe siècle. Près de trente ans après sa parution originale, l’ouvrage est considéré comme un classique de l’anthropologie et de l’his­toire économique, ouvrant la voie auxfood studies et à l’his­toire globale. Devenu introuvable en langue française, il est disponible pour la première fois en édition de poche, dans une traduction revue et actualisée, agrémentée d’une pré­face inédite de l’auteur.

Figure majeure de l’anthropologie aux Etats-Unis, Sidney Mintz (1922) a étudié l’anthropologie à l’Université de Columbia et enseigné pendant plus de vingt ans à Yale avant de rejoindre l’Université Johns Hopkins dont il est encore Research Professor.

Table des matières

Avant-propos, par Kenneth Bertrams 7
Préface 17
Avertissement 23
Introduction 25
CHAPITRE I: La nourriture, la socialité, le sucre 43
CHAPITRE II: La production 63
CHAPITRE III: La consommation 129
CHAPITRE IV: Le pouvoir 223
CHAPITRE V: Dis-moi ce que tu manges… 267
Bibliographie 301
Index 313

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Notes

[1] p.299

[2] p.257

[3] p.133

[4] p.162

[5] p.163

[6] p.173

[7] p.144

[8] p.135

[9] p.199-201

[10] p.259

[11] p.180

[12] p.264-265

[13] p.262

[14] p.250

[15] p.261

[16] p.107

[17] p.112

[18] p.113

[19] p.140

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À LA LOUPE – Pierre Boissard – Le camembert, mythe français http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-pierre-boissard-le-camembert-mythe-francais/ Wed, 09 Dec 2015 10:21:24 +0000 http://tenzo.fr/?p=1135 Pieter+Claesz-Still-life+With+Turkey-pie
Titre : Le Camembert, mythe français Auteur : Pierre Boissard Maison d'édition : Odile Jacob Année de parution : 2007
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Pierre Boisard est docteur en sciences sociales du développement (École des hautes études en sciences sociales).  Il est chargé de recherche à l’UMR 8533 Institutions et dynamiques historiques de l’économie IDHE (École normale supérieure de Cachan/CNRS)Il est également chargé de cours en économie du travail et de l’emploi à l’université Paris Ouest Nanterre La Défense (master ATOGE) et à l’Institut des hautes études du goût, de la gastronomie et des arts de la table.

Le camembert, mythe français – Pierre Boissard

9 DÉCEMBRE 2015 | PAR DAVID LAFLAMME

« Le camembert a été pendant deux siècles une manifestation concrète de la cohésion nationale, et spécialement du lien entre les paysans et les citadins. La raréfaction des paysans ne peut être sans effet sur l’avenir du camembert et de son mythe… Le camembert a-t-il encore réellement un rôle à jouer dans la société française autre que celui d’un banal aliment? Rescapé d’une époque révolue et d’un monde englouti, il devient un témoin de l’Histoire, un messager du passé rappelant aux Français leurs origines paysannes. Mais son avenir ne devrait pas se limiter à témoigner du passé rural du pays. Chargé d’une histoire prestigieuse, témoin des grandes heures de la République et de toutes les transformations de la société française depuis deux siècles, il peut demeurer un point de repère national, à condition de garder sa diversité, de ne pas succomber aux pressions actuelles à l’uniformisation. » [1] 

Originalement publiée en 1992 chez Calmann-Lévy  sous le titre Le camembert mythe national, l’étude de Pierre Boissard est remarquable et fut remarquée! Elle fut traduite en anglais en 2003 (Camembert a National Myth, Berkeley) et rééditée chez Odile Jacob en 2007.

L’ouvrage est écrit sur un ton personnel qui facilite sa lecture. Boissard explique au lecteur qu’il ne souhaite traiter que de ce qui est véritablement intéressant et laisse aux autres auteurs le soin de traiter des informations plus rébarbatives. Il a ainsi préféré écrire l’histoire du puissant mythe rattaché à ce fromage plutôt que de chercher à tout prix à rétablir sa véritable histoire.  Il y a même quelques pages pour nous expliquer comment certains utilisent une science à demi occulte, appréciant des dizaines d’informations à la fois, pour trouver un camembert qui saura satisfaire leurs exigeantes papilles gustatives. Bref, un ouvrage rigoureux, mais d’une lecture simple, imagée, plaisante et divertissante.

Quelques informations tirées de l’ouvrage:

La rumeur colportée à travers les décennies veut que le camembert ait été inventé par Marie Harel vers 1791 au manoir de Beaumoncel à Camembert.  Marie aurait appris les méthodes de fabrication du Brie en côtoyant un prêtre réfractaire caché au village. Méthodes qu’elle aurait appliquée à la fabrication du fromage familial en utilisant les seuls moules qu’elle avait sous la main, des moules à livarot. Quelques décennies plus tard, Victor Paynel, le petit-fils de Marie, aurait offert du camembert à Napoléon III qui l’aurait trouvé fort bon et en aurait demandé des livraisons régulières.

« Marie Harel a beau avoir une statue, on ne sait pratiquement rien d’elle. Cette ignorance ne peut pas durer. Il faut absolument que l’on connaisse l’histoire de cette femme. Puisqu’il n’en existe pas, il va s’en créer une. En devenant célèbre, Marie Harel va se trouver dotée non pas d’une seule histoire, mais d’une floraison de récits racontant de différente manière l’invention du camembert et sa consécration ». [1]

Pierre Boissard explique qu’au début du XXe siècle,  le camembert est perçu comme étant une synthèse entre tradition et modernité, entre activité rurale et développement urbain.

« Dans la majorité, les Français  veulent un avenir pacifique, le maintien du prestige de leur pays et la préservation d’une France profondément rurale.  Le succès du camembert leur paraît témoigner de la vigueur et de la réussite d’une forme rassurante de modernité technique compatible avec l’ordre traditionnel sous l’égide de la République ». [3]

L’auteur, bien que s’intéressant avant tout au mythe entourant le fromage du Pays d’Auge, nous donne quantités d’informations sur les évolutions techniques et commerciales dont profite le camembert. Il explique par exemple en quoi 1850 est une date clef de l’histoire de ce fromage.

Gare de Vimoutiers mise en service en 1880.

Gare de Vimoutiers mise en service en 1880.

«  Auparavant, il n’est consommé que dans le pays d’Auge, alors que les autres fromages normands, le pont-l’évêque, le livarot et surtout le neufchâtel sont appréciés et vendus à Paris et ailleurs. À partir de cette date, il connait une progression foudroyante. Il conquiert le marché parisien, puis la plupart des grandes villes du pays, passe les frontières et traverse les océans. Ce prodigieux bond en avant est dû à la conjonction de plusieurs facteurs favorables, et en premier lieu à la construction d’un réseau ferré reliant le pays d’Auge à Paris. En moins de six heures, là où la diligence mettait trois jours, l’odorant produit parcourt la distance entre les ateliers de fabrication et les Halles. » [4]

En moins de dix ans, entre 1886 et 1894, les ventes de camembert aux Halles de Paris passent de 1241 à 2330 tonnes. Malgré cette progression, il n’atteint pas encore le niveau du brie.  En 1894, 27,5% des camemberts vendus à Paris ne sont pas produits en Normandie. [5]

« … Mais déjà les amateurs distinguaient le camembert vrai, qui, selon le géographe Ardouin-Dumazet, « parvient de la zone relativement étroite d’herbages autour de Mézidon, Saint-Pierre-sur-Dives, Livarot et Vimoutiers », du camembert d’imitation fabriqué ailleurs.  L’idée d’un cru ou d’une zone d’exclusivité pour le camembert, hors de laquelle il perdrait ses qualités spécifiques, apparaît à cette époque.  » [6]

Lorsque l’on visualise un camembert, l’on s’imagine presque systématiquement un fromage à croute blanche qui se conserve assez bien dans la moyenne durée, vendu dans une boite en bois ou en carton. Or, « …en 1880 le camembert est encore un produit fermier, un fromage fragile qui supporte mal les longs voyages. Sa croûte est plus souvent gris-bleu que blanche. » [7] À la fin du XIXe siècle, l’amélioration des méthodes de collecte du lait, la généralisation de l’utilisation de boites spécialement conçues et à l’ajout de Penicillium candidum, qui donne la couleur blanche, permettent au camembert de prendre l’apparence qu’on lui connait encore.

« Entre le camembert de Marie Harel et celui qui fait la joie des gourmets parisiens des années 1920, que de changements! Le fromage rustique des origines s’est policé, son goût s’est adouci, sa croûte blanchie, et il a troqué son emballage de paille pour une boîte en bois décorée d’une étiquette colorée. C’est le prix à payer pour l’accès au marché national et à l’exportation, et la conséquence d’une production sur une plus grande échelle. »  [8]

cam-lami-des-poilusLes producteurs de camembert sauront profiter de la Grande Guerre pour transformer l’image de leurs produits. « Parti au front comme un produit régional, il revient, français avant tout. Il s’identifie désormais à la nation plus qu’à sa région d’origine. » [9] Les étiquettes historiques des camemberts permettent de constater la volonté des producteurs à associer leurs fromages à l’alimentation des troupes françaises. Le camembert devient un aliment patriotique!

En 1928, le passage d’un médecin américain nommé Joe Knirim venu rendre hommage à Marie Harel en Normandie sera fort remarqué au niveau régional. Cet hommage est perçu comme une confirmation de l’antériorité et de la primauté du camembert normand. Paradoxalement, en soulignant l’identité régionale du camembert, l’on démontre que « […]le prestige de la France à l’étranger peut fort bien être porté par un produit du terroir et que l’enracinement local n’est pas en opposition avec le sentiment d’appartenance nationale. » [10]

« À la fin des années 1950, un ouragan s’abat sur les fromageries normandes. Balayant tout sur son passage, il ne laisse debout que quelques survivants parmi les dizaines d’établissements que compte cette région. Cet ouragan a pour nom « pasteurisation » […] Les industriels de l’Est qui n’ont pas l’atout du cru laitier et de la tradition sont les pionniers de cette nouvelle technique. Le développement industriel est pour eux le seul moyen de vaincre sur le marché leurs concurrents normands. Ces derniers, solidement assis sur leurs traditions et certains de la supériorité de leurs produits, se montrent hostiles depuis longtemps à ce nouveau procédé dans lequel ils voient, à juste titre, une menace. » [11]

«  Cru, pasteurisé, thermisé, moulé ou non à la louche, la diversité des apparences que revêt le camembert ne peut que dérouter le consommateur à la recherche de l’authentique. Mais quel est donc le camembert authentique? Beau sujet de conversation pour un dîner, lorsque le plateau de fromages fait son entrée. N’attendez pas de moi une réponse à cette grave question. Objet mythique, le camembert n’est pas réductible à une recette ou à une définition, il ne se laisse pas enfermer dans une boîte particulière, il est l’ensemble de ses manifestations passées, présentes et futures, sans restriction d’aucune sorte. C’est évidemment affaire de croyance. Si vous êtes persuadé qu’il n’est de camembert que moulé à la louche, vous n’aurez que mépris pour tous ces ersatz pasteurisés. Mais sachez au moins que la majorité des consommateurs ne s’arrête pas à de telles considérations. » [12]

«  Le camembert quant à lui a l’heureux privilège de présenter le double visage de la tradition et de la modernité, et de combler ainsi la volonté nationale. Mais sa tâche en est d’autant plus lourde qu’il lui faut être excellent dans les deux domaines : gagner de nouveaux marchés à l’exportation par sa compétitivité et satisfaire le palais exigeant des gourmets. C’est évidemment sur le versant de la tradition que la difficulté est la plus grande, alors même que c’est sur ce point que se joue l’avenir. Car si jamais le camembert  traditionnel devait disparaître, il y a fort à parier que les ventes du camembert industriel, privé de cette référence, ne tarderaient pas à s’effondrer. » [13]

À propos de l’AOP Camembert de Normandie.

Dès la fin du XIXe siècle, des « camemberts » étaient produits un peu partout en France, de nos jours on en produit un peu partout dans le monde.  Les producteurs normands, malgré tous leurs efforts, ne sont jamais parvenus à se réapproprier ce fromage qui leur avait échappé avant même qu’ils ne s’en aperçoivent. « En l’absence de protection réglementaire, le camembert a conservé, partout dans le monde, son identification à la nation française. Ses multiples copies, hommages rendus au véritable camembert, ont eu la vertu d’entretenir le mythe. » [14]

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Emballage_camembert_de_Normandie_AOP_Isigny_Sainte-Mère

« Le décret créant une appellation d’origine viendra après la bataille, après que la plupart des producteurs aient succombé à l’offensive des fromageries industrielles. 1983, soixante-quatorze ans après sa première réunion, le Syndicat des fabricants du véritable camembert de Normandie (SFVCN), toujours vivant, mais réduit à la portion congrue, obtient enfin un décret fixant les règles de l’appellation d’origine contrôlée « camembert de Normandie » […] L’appellation d’origine impose quelques règles de fabrication, mais n’impose rien quant à l’origine et à la qualité du lait employé. Il suffit que le lait utilisé ait été collecté en Normandie […] Un label AOC et les mentions « camembert de Normandie » et « au lait cru, moulé à la louche » désignent au consommateur les produits qui ont satisfait à ces règles. » [15]

Quatrième de couverture

Le camembert est, par excellence, le fromage de la France, et la France, le pays du camembert!

Pourquoi ce fromage né au coeur du pays d’Auge est-il devenu le symbole de la France des terroirs? Produit local, comment s’est-il imposé comme le symbole de la France dans le monde entier?

La promotion du camembert date des années 1920… et c’est un Américain qui a lancé le culte de la fermière normande qui, dit-on, l’aurait inventé sous la Révolution française en tentant de faire du brie avec un moule à livarot. Comment le mythe est-il né?

Pierre Boissard a choisi de retourner aux sources pour nous raconter l’incroyable saga de cet emblème de la France profonde et des plaisirs de sa table. Il s’interroge: sous l’effet de la standardisation industrielle, va-t-il redevenir banal aliment?

Table des matières

Introduction. – L’Américain et le camembert 9
Chapitre 1. – Naissance d’un mythe 15
Chapitre 2. – Sous la légende, l’Histoire 39
Chapitre 3. – Naissance d’une industrie 60
Chapitre 4. – Secrets de fabrication 82
Chapitre 5. – Les métamorphoses du camembert 94
Chapitre 6. – Les syndicats des familles 115
Chapitre 7. – Le camembert du poilu 135
Chapitre 8. – Les dynasties du camembert 153
Chapitre 9. – La belle époque des fromageries 167
Chapitre 10. – Ouvriers de fromagerie 178
Chapitre 11. – Grandeur et décadence de l’ordre domestique 193
Chapitre 12. – La guerre de deux camemberts 208
Chapitre 13. – La vaine résistance des coopératives 227
Chapitre 14. – L’invention de la tradition 243
Chapitre 15. – De l’étiquette au tyrosème 254
Chapitre 16. – L’Amérique et le camembert 263
Chapitre 17. – Le camembert dans tous ses états. 276
Conclusion. – Permanence du mythe 287
Notes 293
Remerciements 301

Notes de bas de page

[1] p.253

[2] p.16

[3] p.38

[4] p.60

[5] p.72

[6] p.79

[7] p.94

[8] p.114

[9] p.152

[10] Idem. 

[11] p.208

[12] p.229

[13] p.253

[14] p.242

[15] p.240

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À LA LOUPE – Massimo Montanari – Il cibo come cultura http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-massimo-montanari-il-cibo-come-cultura/ Tue, 01 Dec 2015 19:02:08 +0000 http://tenzo.fr/?p=1117 Pieter+Claesz-Still-life+With+Turkey-pie
Titre : Il cibo come cultura Auteur : Massimo Montanari Maison d'édition : Laterza Année de parution : 2008 (1ère édition 2005)
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IL CIBO COME CULTURA – Massimo Montanari

1er DECEMBRE 2015 | PAR GAELLE VAN INGELGEM

Ma la storia ci mostra esattamente il contrario: che le identità culturali non sono realtà metafisiche (le « spirito dei popoli ») e neppure sono inscritte nel patrimonio genetico di una società, ma si modificano e si ridefiniscono incessantemente, adattandosi a situazioni sempre nuove determinate dal contato con culture diverse. (p. 154)

À l’évidence, de la production à la consommation en passant par la transformation du repas, les pratiques alimentaires résultent d’un choix construit, reflet de valeurs culturelles, symboliques ou encore morales qu’elles se plaisent à représenter. Pourtant, avant les travaux pionniers de Massimo Montanari, peu de chercheurs n’avaient appréhendé l’alimentation dans sa dimension sociale et culturelle, lui privilégiant une approche économique ou socio-économique. En accordant une importance significative aux discours et représentations gravitant autour du fait alimentaire, Montanari a réussi à insuffler un regard neuf et prometteur dans un domaine de recherche en pleine expansion.

Dans Il cibo come cultura, il réussit le tour de force de rendre compte de manière concise, rythmée et suivie, du fruit de ses longues années de réflexion, qui l’amenèrent à penser le repas, la cuisine et le système alimentaire comme appartenant à la sphère culturelle – par opposition à l’ordre naturel – des individus et des sociétés humaines. Dès les prémisses de son ouvrage, l’auteur se dédouane auprès de ceux qui seraient venus y chercher une conceptualisation stricte de la notion de culture. Il laisse ce type d’approche aux spécialistes et théoriciens. Son objectif est tout autre : faire virevolter le lecteur, « en toute légèreté », au gré du lien entre alimentation et culture afin de nous faire découvrir et comprendre l’histoire de nos sociétés et le façonnement de leurs identités. Son esprit de synthèse, son ton accessible ainsi que son recours calibré et choisi aux sources anciennes, rendent son propos intelligible et sensible, pouvant atteindre un large public.

Par ailleurs, son « guide à la lecture » final engage le lecteur à s’aventurer plus en avant dans la réflexion, en l’orientant vers des classiques en la matière, de Levi-Strauss à Jean-Robert Pitte, en passant par Roland Barthes et Mary Douglass, qui témoignent de l’ouverture de Montanari aux autres disciplines et domaines de recherche autant que de la richesse de sa pensée.

Massimo Montanari_Il cibo come cultura_TenzoMassimo Montanari est professeur d’histoire médiévale et d’histoire de l’alimentation à l’Università di Bologna et à l’Università di Scienze gastronomiche de Pollenzo. Titulaire du Master européen « Histoire et culture de l’alimentation », il est aussi président du comité scientifique Casa Artusi, centre de culture gastronomique dédié à la cuisine italienne situé dans le centre historique de Forlimpopoli.

Il est internationalement reconnu comme un des plus grands spécialistes de l’histoire de l’alimentation qu’il a dynamisée au travers de ses propres recherches novatrices mais aussi en poussant la communauté scientifique et les étudiants à s’intéresser à ce domaine qu’il envisage comme une clé de lecture de l’histoire dans son ensemble. Il est d’ailleurs un des fondateurs de la revue Food and history de l’Institut européen d’histoire et des cultures de l’alimentation.

Ses recherches intégrées des systèmes agraires au Haut Moyen-Âge et de l’alimentation, qu’il lia à des questions relatives à l’environnement et au paysage lui permirent d’ouvrir la voie à une meilleure compréhension du fonctionnement de la société médiévale. Ainsi, tant les larges structures économiques et sociales que l’histoire des pratiques quotidiennes sont envisagées; valeurs culturelles, aspects symboliques et mentalités y occupent une place prépondérante.

Dans son œuvre, repas et comportements alimentaires sont des clés de lecture pour une approche globale de l’histoire européenne du IIIe siècle à nos jours.

Titre : Il cibo come cultura
Auteur : Massimo Montanari
Maison d’édition : Laterza (Roma/Bari)
Date: 2008 (3ème édition)
Première édition : 2004
Pour l’édition française
Titre : Le manger comme culture
Auteur : Massimo Montanari
Maison d’édition : ULBlire
Date: 2010

Quatrième de couverture

Un saggio avvincente chez approfondisce e indaga un tema tra i più illuminanti per comprendere la storia delle società umane e la loro evoluzione. Jacques Le Goff

Il cibo è cultura perchè ha inventato e trasformato il mondo. È cultura quando si produce, quandi si prepara, quando si consuma. È il frutto della nostra identità e uno strumento per esprimerla e communicarla. Una grande opera di sintesi da uno dei massimi storici dell’alimentazione.

Massimo Montanari insegna Storia medievale e Storia dell’alimentazione all’Università di Bologna. Fra i suoi lavori più importanti: L’alimentazione contadina nell’alto Medioevo (Napoli 1979); Campagne medievali (Torino 1984); Atlante dell’alimentazione e della gastronomia (curato con F. Sabban, Torino 2004). Per i nostri tipi è autore, tra l’altro, di: Convivio (3 voll., 1989-1992); Il pentolino magico (1999); Il formaggio con le pere. La storia in un proverbio (2008); La cucina italiana. Storia di una cultura (con A. Capatti, 2008); La fame e l’abbondanza. Storia dell’alimentazione in Europa (2008); Storia medievale (2008); Alimentazione e cultura nel Medioevo (2008). Ha inoltre curato Il mondo in cucina. Storia, identità, scambi (2006) e Storia dell’alimentazione (con J.-L. Flandrin, 2007)

Table des matières

PREMESSA xi
COSTRUIRE IL PROPRIO CIBO 3
Natura e Cultura
5
Anche la Natura è Cultura
11
Giocare col Tempo 17
Giocare con lo Spazio 23
Conflitti 27
L’INVENZIONE DELLA CUCINA
33
Fuoco, cucina, civiltà 35
Cucina scritta e cucina orale
41
Anticucina 51
Arrosto e bollito 57
Piacere e salute
63
IL PIACERE (E IL DOVERE) DELLA SCELTA 71
Il gusto è un prodotto culturale 73
Divagazione. Il gioco della « cucina storica » 81
Il gusto è un prodotto sociale 85
Dimmi quanto mangi… 89
… e che cosa 99
Cibo e calendario: una dimensione perduta? 105
Dalle geografia del gusto al gusto della geografia 109
Il paradosso della globalizzazione 117
CIBO, LINGUAGGIO, IDENTITÀ 127
Mangiare insieme 129
La grammatica del cibo 137
Sostituzioni, incorporazioni 143
Identità, scambio. Tradizioni e « origini » 153
Radici (una metafora da usare fino in fondo) 159
Guida alla lettura 161

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À LA LOUPE – Sylvie Vabre – Le sacre du roquefort http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-sylvie-vabre-le-sacre-du-roquefort/ Sun, 22 Nov 2015 09:05:57 +0000 http://tenzo.fr/?p=1029 Pieter+Claesz-Still-life+With+Turkey-pie
Titre : Le sacre du roquefort Sous-titre : L'émergence d'une industrie agroalimentaire Auteur : Sylvie Vabre Maison d'édition : Presses universitaires de Rennes Année de parution : 2015
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Sylvie Vabre est maître de conférences en histoire contemporaine (économique et sociale) depuis 2012. Auparavant Prag (professeur agrégé à l’université). Elle est membre du comité de l’ICREFH (International Commission For Research into European Food History) depuis 2011. Sa thèse a obtenu le Prix Crédit Agricole d’histoire des entreprises en 2011.

Le sacre du roquefort. L’émergence d’une industrie agroalimentaire fin XVIIIe -1925. – Sylvie Vabre

22 NOVEMBRE 2015 | PAR DAVID LAFLAMME

Un gourmet de 1810 endormi jusqu’en 1910 aurait bien du mal à reconnaître le fromage du début du XXe siècle! Les transformations sont colossales: procédures de fabrication changées, forme et couleur métamorphosées; il serait illusoire de croire, bien sûr, que le goût soit resté identique! Le roquefort est le fils des révolutions du XIXe siècle.[1]

Le sacre du roquefort est définitivement un ouvrage de référence qui fait date dans l’historiographie. En près de 600 pages, Sylvie Vabre aborde un vaste sujet à la croisée de l’histoire des entreprises et de l’histoire de l’alimentation. L’ouvrage publié aux Presses de l’Université de Rennes en 2015 (collection Table des hommes) est tiré de sa thèse  « Roquefort-Société : une entreprise agro-alimentaire en Aveyron (vers 1840-1914) » présentée en 2010. Vabre base essentiellement son étude sur des sources tirées des Archives départementales de l’Aveyron et des archives de l’entreprise Société.

Quelques informations tirées du Sacre du roquefort:

Le fromage colonisé par le penicillium roqueforti est le premier produit alimentaire à obtenir l’AOC en 1925 (hors vins et spiritueux).  La création de cette AOC s’inscrit dans la lutte aux contrefaçons et notamment l’utilisation de lait de vache.

Le roquefort, comme la plus grande partie de la filière fromagère profite au courant du XIXe siècle d’un contexte inédit. « La naissance et le succès d’un discours favorable à l’art de vivre gastronomique distinguent en effet l’ensemble des produits laitiers et prennent place aux côtés de la traditionnelle reconnaissance royale… La renommée croissante de ces derniers accompagne un facteur inédit: la demande accrue et constante pour les produits alimentaires de la part de la population… alors que les circuits de distribution se développent rapidement et s’adaptent à des denrées sensibles ».

Au cours du XIXe siècle, « C’est la notion même de fromage qui change… l’équilibre se déplace progressivement du lait caillé sur les fromages plus sophistiqués que l’on consomme de préférence aujourd’hui et qui pour la plupart précisément sont des créations du XIXe siècle. » [2]

Éboulement de Roquefort, coupe géologique

Éboulement de Roquefort, coupe géologique

Quelques caractéristiques du mode de fabrication du roquefort lui sont particulières. Le roquefort est fait de lait de brebis que l’on fait cailler à l’aide de présure animale et auquel l’on ajoute de la poudre de « pain moisi » au cours du moulage.  La préparation de ce fromage frais ainsi que son égouttage étaient faits dans les campagnes environnantes. Ces pains de fromage étaient, dans un deuxième temps, rassemblés dans les caves très particulières de Roquefort où ils étaient affinés et devenaient du roquefort.[3]

Très particulières, parce que les hauts plateaux calcaires des Grands Causses renferment un grand nombre de failles, grottes et autres cavités, créées par les conditions naturelles. Roquefort est souvent qualifié de village-cave. Le Dictionnaire historique de la langue française atteste d’ailleurs que le nom du village et celui du fromage se confondent depuis 1642. Au cours du XIX siècles, de nombreuses caves sont soit agrandies, soit construites. « Cette frénésie de construction et d’agrandissements s’explique par le fait qu’il n’existe pas ailleurs une situation comparable conjuguant froid, humidité et pureté de l’air sur un aussi vaste ensemble ».[4]

Revirage des fromages

Revirage des fromages

Les pains de fromage sont d’abord salés (7 à 8 jours), raclés, puis installés en cave sur la tranche durant 25 ou 30 jours durant lesquels ils sont raclés régulièrement. Le roquefort peut-être conservé en cave en attendant la vente à condition d’être raclé toutes les semaines. Ces étapes étaient réalisées par de jeunes femmes originaires des alentours de Roquefort appelées les cabanières. [5]

Formatge_feda_roquefortL’histoire du roquefort, c’est aussi celle d’un savoir-faire qui se précise tout au long du XIXe siècle en profitant du cadre qu’offre la création de Société, mais aussi des avancées scientifiques faites notamment grâce à l’Institut Pasteur. Les méthodes de production se standardisent, se rationalisent, se transmettent, se mécanisent et s’industrialisent.  Société développe une communication associant sa marque aux attributs qualitatifs particuliers de son fromage.  Pour étendre la consommation du roquefort, Société fait appel à la réclame et participe aux salons et expositions universelles. Les piliers de la communication se précisent autour de l’ancienneté du fromage, la singularité des caves, l’originalité des gestes et la brebis.[6]

Période 1800-1850 1850-1880/1890 1880/1890-1914
Forme Pas de forme (de 3 à 60 cm de haut, diamètre non mentionné) Hauteur : 8 à 10 cm Diamètre : 19 à zi cm Hauteur: 10 cm Diamètre : 20 cm
Poids  De 1 à 7 kilogrammes De 2,2 à 3 kilogrammes 1,3 kilogramme
Fabrication des pains de caillé À la ferme, par les femmes À la ferme, par les femmes Dans les laiteries
Présure utilisée Fabriquée à la ferme Fabriquée à la ferme Fabriquée industriellement
Pain moisi Introduction lente Introduction lente Utilisation systématique en laiterie
Temps d’affinage 6 mois au moins Quelques semaines à 4 mois Régulé par les frigorifiques
Production de lait Mai-juillet Février-août Décembre-août
Saison des meilleurs fromages À partir de septembre (novembre, décembre) À partir de septembre (novembre, décembre) Mars (primeurs) et à partir de septembre
Robe Plus ou moins grisée, tachetée de points rouges et bleus Plus ou moins grisée, tachetée de points rouges et bleus Pas de croûte, blanche
Pâte Rosée, piquée de bleu Pâte blanche recherchée, veinée de bleu (due à la piqueuse) Pâte blanche, veinée de bleu
Conservation Quelques semaines Quelques semaines Illimitée
Diffusion Toulouse, Languedoc, Paris, qui devient prédominant Paris, Toulouse, création d’un marché français, exportation 11 % du CA) Marché français, exportation (22 % du CA)
Consommateurs Gourmets et connaisseurs (à Paris),

Tous les groupes sociaux en Languedoc

Gourmets et connaisseurs à Paris et à l’exportation, Classe moyenne en France (marché en cours d’élargissement), tous les groupes sociaux en Languedoc Gourmets et connaisseurs à l’exportation et à Paris, Classe moyenne en France (tous les départements ont un point de vente), tous les groupes sociaux en Languedoc
Production totale en tonnes (Société) De 300 à 1 400 De 1 400 à 5100 (795 à 1886) De 5 200 à 9 250 (1886 à 4134)

Informations historiographiques tirées de l’ouvrage:

L’étude de la filière fromagère a d’abord intéressé les géographes épris d’histoire. En 1989, le colloque Géographie et histoire des fromages, organisé par Roger Brunet, ouvrait la voie, poursuivie par Claire Delfosse avec sa thèse intitulée La France  fromagère, cherchant à expliquer la constitution de l’espace fromager français.  Plus largement, l’histoire de l’industrie du lait a été explorée par l’économiste François Vatin en 1990, suivi par une histoire sociale du lait proposée par Pierre Guillaume en 2003. Plus récemment, Jean Froc, docteur en biologie animale, a livré une Balade au pays des fromages,  abordant les traditions fromagères de façon à proposer une synthèse.

Quelques monographies se sont consacrées à quelques fromages en particulier en restant toutefois centrées sur les techniques de fabrication et se limitent au contexte local. On pense nottemant à Wigbolt Tijms, Le saint-nectaire. L’histoire d’un fromage d’appellation d’origine dans son cadre géographie et économique (1976), Étienne de Banville, Les fournes de Montbrison et d’Ambert: des jasseries aux familles et aux groupes (2006), Michel Vernus, Une saveur venue des siècles. Gruyère, Abondance, Beaufort, Comté (1998).

Le sociologue Pierre Boisart, dans son Le camembert, mythe national (1992) a préféré écrire l’histoire du puissant mythe rattaché à ce fromage plutôt que de chercher à tout prix à rétablir sa véritable histoire.

Quatrième de couverture

Le sacre du roquefort est l’histoire d’un produit emblématique et d’une aventure entrepreneuriale hors du commun au XIXe siècle. Ce fromage, fabriqué dans le sud du département du l’Aveyron et affiné dans les caves du village dont il porte le nom depuis le XVIIe siècle est à certains égards une énigme. De Tokyo à Millau, il ne laisse personne indifférent et symbolise un certain art de vivre alimentaire, opposé aux dégâts de la « mal bouffe ». Adoré ou décrié, il s’identifie à la France. Certes, il n’est pas seul dans ce cas: le camembert, comme nombre de fromages, le vin, avec le champagne en particulier, sont fréquemment associés au pays de la gastronomie. Cependant, si le succès d’un fromage se mesure à l’aune de sa réputation, force est de constater que le roquefort a parfaitement réussi. Il le doit pour une grande part à Roquefort Société. Comment cette entreprise, née au XIXe siècle, a-t-elle réussi à imposer dans l’imaginaire collectif un fromage moisi, veiné de ridules bleu-vert, à l’odeur et au goût très marqués et ce, sur presque tous les continents, alors que le roquefort est toujours affiné dans le sud du département de l’Aveyron? Une telle interrogation est à l’origine de ce livre, qui s’ouvre avec les premiers succès du fromage à la fin du XVIIIe siècle et s’achève en 1925 avec l’AOC.

Sylvie Vabre est maître de conférence en histoire contemporaine à l’université Toulouse-Jean Jaurès. Elle poursuit ses recherches sur l’histoire des consommations au XIXe siècle, l’histoire des entreprises et des territoires.

Table des matières

Remerciements 9
Préface 13
Introduction 17
Première partie: Du roquefort et des autres fromages au XIXe siècle 35
Introduction première partie 37
CHAPITRE  I. La consécration des fromages au XIXe siècle 39
L’entrée en gastronomie 42
Le fromage, objet de distinction sociale? 48
L’essor de la France fromagère 56
La France fromagère en 1882: Pôles fromagers et « façons » 64
CHAPITRE II. Le roquefort: un fromage unique 75
À Paris: un fromage fraîchement couronné 76
Sur les Causses: la brebis devient reine 82
À Roquefort: un « génie des lieux »? 99
CHAPITRE III. Des négociants à la Société des Caves réunies de Roquefort (vers 1810-1881) 115
Roquefort: une nébuleuse d’intérêts (début du XIXe siècle-1851) 116
La création d’une entreprise autour des meilleures caves: Société (1851-1881) 136
Deuxième partie: L’insertion du roquefort dans la révolution commerciale et industrielle (1851-1881) 159
Introduction de la deuxième partie 161
CHAPITRE IV: Entreprise, savoir-faire et territoire 163
Une « faim » de fromage 164
La bataille de la qualité 179
Société à toute vapeur (années 1870) 198
CHAPITRE V: Itinéraires marchands 213
La conquête de nouveaux territoires 214
Les chemins de la distinction 233
L’éducation du public 246
CHAPITRE VI: La réussite de Société et ses limites 267
Un bilan flatteur 268
L’essoufflement du modèle (années 1870) 285
La société anonyme (1881): une réponse? 306
Troisième partie: Une adaptation sous contrainte (1882-1914) 327
Introduction de la troisième partie 329
CHAPITRE VII: Sous la pression de la longue stagnation (1882-1892) 327
Une décennie troublée 332
Les remèdes à la crise: produire plus et mieux 349
Le territoire: la recherche de solutions collectives 365
CHAPITRE VIII: Industrialisation et innovation (1882-1892) 379
La science au service de la fabrication 380
De nouvelles usines 390
Vers la grande entreprise 403
CHAPITRE IX: Le roquefort entre dans le XXe siècle 435
Le nouveau roquefort 436
Les territoires du roquefort en 1914 455
Conclusion 483
Épilogue 489
Annexes 509
Sources et bibliographie 523
Index des noms de fromages et autre produits 557
Index des noms de lieux 559
Index des noms de personnes 567
Table des figures et des documents 577

Notes de bas de page

[1] Le sacre du roquefort, P.485

[2]Le sacre du roquefort, P.112

[3]Le sacre du roquefort, P.99

[4]Le sacre du roquefort, P.103

[5]Le sacre du roquefort, P.105

[6]Le sacre du roquefort, P.265

Pour plus d’informations sur Le sacre du roquefort  vous pouvez lire le compte rendu de Geneviève Cazes Valette sur le site de l’OCHA.

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À LA LOUPE – Gilles Bragard et Christian Roudaut, Chefs des Chefs http://tenzo.fr/a-la-loupe/a-la-loupe-chefs-des-chefs/ Thu, 01 Oct 2015 15:51:48 +0000 http://tenzo.fr/?p=417 1a2422e
Titre : Chefs des chefs Sous-titre : Elysée, Kremlin, Buckingham, Maison Blanche... Enquête dans les cuisines du pouvoir Auteur : Gilles Bragard et Christian Roudaut Maison d'édition : Editions du Moment Année de parution : 2013
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Chefs des Chefs – Gilles Bragard et Christian Roudaut

1 OCTOBRE 2015 | PAR SOPHIE RAOBEHARILALA

Ce court ouvrage réalisé par Gilles Braguard, fondateur du Club des Chefs des Chefs, et Christian Roudaut, journaliste-écrivain ancien reporter politique à Paris et correspondant à Londres, revient sur les différents chefs des cuisines d’État du monde. On suspecte peu l’importance et l’impact de l’assiette lors des réunions au sommet et pourtant la diplomatie passe également par les fourneaux.

Au-delà de ce rôle politique, Braguard et Roudaut soulignent également l’évolution des priorités en cuisine: au temps de la profusion et de la richesse des mets succède celui de la diététique et des dépenses raisonnables.

On peut donc observer les différentes approches de la table d’État dans le monde, avec leurs conditions de travail et leurs exigences variées, tout en survolant leurs traditions gastronomiques.

Le lecteur est plongé l’espace d’un instant dans les hautes sphères politiques avec leurs codes de conduite. Il comprendra les différents rôles de l’assiette d’État, un moyen de médiatisation, un symbole de prestige et surtout une traduction de l’approche politique de chaque dirigeant.

Quatrième de couverture

Ils sont les cuisiniers de l’ombre: pas d’étoiles au Guide Michelin, interdits de surexposition médiatique. Pourtant, ces chefs de haut vol jouent un rôle crucial dans les palais officiels. Leur cuisine met de l’huile dans les rouages diplomatiques et du baume au cœur des chefs d’État.

À chaque réception, c’est un peu de l’honneur national qui se joue. une mission aussi exaltante que stressante. À la première table du pays, le droit à l’erreur n’existe tout simplement pas ! Mais les chefs des chefs sont aussi les ambassadeurs d’une cuisine officielle qui se veut désormais exemplaire: diététique, éthique, goûteuse, sans être trop coûteuse.

Pour la première fois dans un livre, les chefs-cuisiniers des palais du monde entier nous décrivent la comédie du pouvoir par le menu :  paranoïas alimentaires de la guerre froide, crises de nerfs à la Maison Blanche, folies des dictateurs ou lubies de l’Élysée. Une enquête exclusive truffée d’informations croustillantes et d’anecdotes savoureuses.

La première édition de cet ouvrage a obtenu le prix spécial du jury des Gourmand Awards 2014.

Table des matières

Prologue  9
Des chefs sur le gril 13
Marmites sous haute surveillance  29
La diplomatie de l’assiette  43
Ambassadeurs de la cuisine nationale  61
Sueurs froides aux fourneaux  75
Scènes de cuisine à la Maison Blanche  89
Régime de crise  103
Cuisine minceur, cuisine fraîcheur  119
Un peu de saveur dans un monde de brutes  131
Chefs au féminin 147
Au service de Sa Majesté 159
Les risques du métier 169
Épilogue 181
Bibliographie 189
Remerciements 191
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